Une goutte de Torah – Année 13 – n° 635 – Vayetse
6 Kislev 5785 – 7 décembre 2024
Cette goutte de Torah est dédiée au succès de nos vaillants soldats dans leur lutte pour l’annihilation de nos ennemis et le retour de nos otages sains et saufs B’H’.
Le pouvoir des larmes
Jacob, fuyant la vindicte de son frère Esaü, se réfugie chez son oncle Lavan. Ce dernier a deux filles – Léa et Rachel – que Jacob épousera successivement : (29:17) : “Léa (l’aînée) avait les yeux tendres; Rachel (la cadette) était belle de taille et belle de visage.”
La description de Léa est énigmatique. Onkelos traduit ‘yeux tendres’ par ‘beaux yeux’, mais, pour Rachi, les yeux de Léa étaient ‘tendres’ des pleurs qu’elle versait en priant de ne pas devoir épouser Esaü (dont la réputation de voyou était établie) ; on disait : “Rebecca a deux fils, et Lavan deux filles. L’aînée sera pour l’aîné (Esaü), et la cadette pour le cadet (Jacob).” Manifestement, ses prières furent écoutées : elle épousa Jacob, lui donna six enfants (sur douze) et mérita d’être enterrée avec lui.
Les larmes ont un grand pouvoir dans le Ciel, notamment depuis notre exil. Selon le Talmud (Baba Metsia 59a), depuis le jour où le Temple a été détruit, dans le Ciel, les portes de la prière sont fermées, mais celles des larmes restent ouvertes.
D’où vient ce pouvoir des larmes ? Le deuxième jour de la Création, lorsque D.ieu sépara les eaux du haut de celles du bas, D.ieu promit à ces dernières qu’en compensation de leur position inférieure, leur sel serait répandu sur les sacrifices et qu’elles seraient versées comme libation sur l’Autel à Souccot. Selon le Tofaot Reem, lorsque les eaux du bas demandèrent ce qui passerait si le Temple était détruit, D.ieu répondit que les larmes les remplaceraient, et qu’Il les accueillerait directement.
Une histoire vraie
Le ‘Hafetz ‘Haïm était un célèbre rabbin de la fin du 19° et début du 20° siècle (il est mort en 1933). Il était très attaché au respect de la Hala’ha, et se battit toute sa vie contre les tendances réformistes.
Dans les années 70, lors d’une conférence à Miami, un rabbin américain évoquait sa vie, et notamment un incident où des enseignants de sa Yechiva voulurent renvoyer un étudiants qui avait été surpris à fumer un Chabbat. Le ‘Hafetz ‘Haïm demanda à le rencontrer ; nul ne sut jamais ce qu’ils se dirent, mais l’étudiant resta à la Yechiva.
Après la conférence, un homme âgé s’approcha du rabbin, très ému : “J’étais cet étudiant, et je peux vous dire ce qui s’est passé ce jour-là : le ‘Hafetz ‘Haïm a pris ma main et s’est mis à pleurer doucement en répétant : ‘Chabbat, Chabbat, Chabbat !’ Je décidai alors de ne plus jamais profaner Chabbat de ma vie, et je ressens encore la brûlure de ses larmes sur ma main.
Chabbat Chalom
Jean Guetta
Relu et mis en page par Tania Guetta