Vézot Habérakha

La Guémara dans Baba Batra (15a) rapporte une controverse, à savoir si les huit derniers versets de la Torah, qui commencent par « c’est là que mourut Moché, le serviteur de l’Eternel… » ont bien été écrits par notre maitre Moché soi-même ou plutôt par Yéhochouà son serviteur.

L’opinion de Rabbi Yéhouda est qu’ils ont été écrits par Yéhohouà, car est-il possible que Moché, vivant, puisse écrire qu’il est mort ? Rabbi Chimôn lui répond, qu’il ne peut manquer une seule lettre au Sefer Torah ; « prenez ce livre de la Loi, » ordonna Moché aux Lévites. Sans ces huit versets, le sefer Torah serait incomplet, et ne serait pas ce livre, c’est donc bien Moché qui l’a entièrement écrit. Simplement jusque-là, D… s’adresse à Moché qui répète et écrit, mais pour ces derniers versets, Moché écrit alors qu’il est en pleurs, « Bédémà ».

Curieusement, la Guemara n’examine pas ici comment chacun (Rabbi Chimon et Rabbi Yéhouda) répond à la question que lui pose l’autre, comme d’habitude dans le Talmud. Le Gaon de Vilna explique parce que ces deux opinions sont justes, toutes deux, et ne s’opposent pas.

Au préalable il convient, d’expliquer que la Torah a été écrite 2000 ans avant la Création du monde. Comment donc la terre et le ciel ont-ils pu y être mentionnés avant d’être crées ? Et la génération du Déluge, celle de la tour de Babel, l’histoire de nos Pères, la sortie d’Egypte… avant qu’elles ne soient apparues ?

La réponse est que toute La Torah est faite des différents Noms de D…, comme nous l’apprend le Zohar Hakadoch, tels qu’ils apparaissent à la combinaison des lettres ou des mots. Avant la création du monde, la Torah est devant D… dans une écriture secrète et cachée, autre que celle que nous connaissons, cependant avec les mêmes lettres, mais ordonnées différemment. C’est après la création du monde qu’elle vient s’inscrire de façon intelligible dans sa forme actuelle, telle qu’elle a été donnée à Israël.

Les Rabbi (Tanaïm) ne s’opposent donc pas. En vérité, Moché a bien écrit toute la Torah, jusqu’à sa dernière lettre, mais dans un ordre et des combinaisons différentes pour les huit derniers versets. Qu’il écrivit en pleurs ? Oui, non pas avec des larmes « Bédémà », mais dans un état de confusion (en variant la ponctuation) « Bédimouà ». Et c’est Yéhochouà, qui après la disparition de Moché, va réordonner ces derniers versets dans la forme que nous leur connaissons.

Finalement on peut donc affirmer que Moché a bien écrit toutes les lettres de la Torah et Yéhochouà les huit derniers versets.

SHABBAT SHALOM OUMEVORAKH

BONNES FETES DE SOUCOT