Yitro

Une goutte de Torah – Année 13 – n° 645 – Yitro

17 Chevat 5785 – 15 février 2025

Cette goutte de Torah est dédiée au succès de nos vaillants soldats dans leur lutte pour l’annihilation de nos ennemis et le retour de nos otages sains et saufs B’H’, ainsi qu’à la guérison complète de notre relectrice, Tania bat ‘Haya Clara, qui s’est cassée la jambe.

Voir des sons

(20:15) : “Tout le peuple vit les voix……” Etrange formulation – peut-on voir des voix ? C’est, de plus, totalement contradictoire avec (Devarim 4:12) : “L’Éternel vous parla du milieu du feu; vous entendiez le son des mots, mais vous ne voyiez aucune forme…”

Nos sages proposent diverses explications à cette contradiction.

Selon le Midrach, les Hébreux ont vu les ondes sonores comme des substances ardentes qui les approchaient pour solliciter leur acceptation des commandements, et allaient ensuite se graver sur les Tables de la Loi (Midrach artistiquement repris par le film “Les Dix Commandements (1956 – Cecil B. DeMille)”

Selon Rav Haïm de Volozhin et Ibn Ezra, l’intense spiritualité de l’événement transcenda la perception habituelle. Les sens se mêlèrent en une combinaison miraculeuse – semblable à la synesthésie où les stimuli d’un sens en activent un autre – qui permit de capter des réalités spirituelles avec une acuité exceptionnelle.

On peut aussi comprendre que l’ouïe étant séquentielle et la vision globale, “voir les voix” symboliserait une compréhension panoramique et immédiate de la Torah, bien au-delà des limitations de l’écoute. Par exemple, l’expression “Je vois ce que tu veux dire” exprime une compréhension du message qui va bien au-delà des mots.

Une histoire vraie

On raconte que vers la fin du 19° siècle, alors que le judaïsme réformé se développait sous l’influence de la modernité, un adepte de ce mouvement visita le Sefat Emet et lui demanda – citant le verset (Chemot 20:15) : “Tout le peuple vit les voix……”  – quel était l’intérêt de faire ce miracle bizarre qui permettait au peuple de voir ce qu’il entendait.

Soupçonnant cet individu de vouloir remettre en cause l’origine divine de la Torah, il l’ignora, mais son fils, le Imrei Emet, qui était présent répondit à la question :

Si les Hébreux n’avaient pas vu ce qu’ils entendaient, ils auraient pu interpréter les commandements “Lo Tirtsa’h” (tu ne tueras pas), “Lo Tinhaf” (tu ne commettras pas d’adultère), et “Lo Tignov” (tu ne voleras pas” à leur manière.

En effet le mot “Lo” peut s’orthographier de deux manières en Hébreu : s’il finit par un Alef, il signifie “ne…pas”, mais s’il finit par un Vav, il signifie “Pour lui”. Ainsi, cette deuxième lecture aurait pu convaincre certains extrémistes que D.ieu ordonnait dans Ses Dix Commandements de “tuer pour Lui”, de “commettre l’adultère pour Lui” et de “Voler pour Lui”.

Une interprétation allègrement adoptée par d’autres religions dont les adeptes n’étaient manifestement pas au Mont Sinaï.

Chabbat Chalom

Jean Guetta

Relu et mis en page par Tania Guetta