Parachat Bamidbar

« Voici les noms des fils d’Aaron (…) Or Nadav et Avihou moururent devant le Seigneur pour avoir apporté devant lui un feu profane. » (Bamidbar 3,4) un feu que l’Eternel n’avait pas ordonné.
Un Midrach surprenant (Torat Cohanim, Chémini) rapporte que Nadav et Avihou, marchant derrière Moché et Aaron s’étaient interrogés en disant « quand est-ce que ces deux vieux mourront, et que nous prendrons leurs places pour diriger les enfants d’Israël ». Le Saint béni-soit-Il dit alors « on verra bien qui enterrera qui ! Eux vous enterrerons et eux continuerons de diriger l’assemblée de l’Eternel ! ».
Comment comprendre que ces deux grands tsadikim, fils d’Aaron, homme de Paix, aient pu s’exprimer ainsi de façon apparemment irrespectueuse. D’autant qu’au moment même de leur décès Moché dira à son frère : « ils étaient plus grands que moi et toi » (Rachi Vayikra 10,3).
Le Ben Ich Haï donne une belle explication en leur faveur. Dans les Pirké Avot (ch 4 mich1) il est dit : « quel est l’homme sage? Celui qui apprend de tout homme ». Que signifie de tout homme? Quel est celui-ci que le Tana désigne ici?
Les mitsvot sont de deux sortes « סור מרע ועשה טוב Sour mé ràa vé assé tov : éloigne toi du mal et fait le bien » (Téhilim 34,15 ). S’éloigner du mal est bien plus difficile pour un homme jeune, car il lui faut aller à l’encontre de sa nature intime, et multiplier les efforts pour maitriser ses pulsions et ses passions. Par contre en avançant dans l’âge, le mauvais penchant est moins fort, et l’homme aura plus de facilité à le vaincre. C’est pourquoi, pour s’écarter du mal, le Tana nous recommande « d’apprendre » du jeune, et de toujours rester très vigilant.
Pour le « assé tov, fait le bien », à savoir accomplir les commandements positifs, plus forte sera la lutte des plus vieux. Avec l’âge on a plus de mal à partir à la synagogue, à prier tôt le matin ou tard le soir, à se concentrer dans l’étude de la Torah, etc. Ici le Tana nous conseille de nous inspirer de la conduite des vieux, de ceux qui surmontent tant de difficultés pour accomplir la volonté du Créateur. Le sage doit savoir ainsi adapter sa conduite aux circonstances et « apprendre de tout homme » des vieux comme des plus jeunes.
Nadav et Avihou (nous explique le Ben Ich Haï) pensaient que le peuple ne pouvait pas prendre exemple sur Moché et Aaron, du fait de leur grandeur et de leur facilité à vaincre le mauvais penchant. Il lui fallait, dorénavant comme modèles, des dirigeants jeunes, et leur conversation rapportée par le Midrach visait le bien et l’intérêt supérieur des enfants d’Israël. Mais nous dit le Zohar Haquadosh, il ne fallait pas, avec impétuosité, « précipiter l’heure » mais attendre patiemment la décision Divine.

Shabbat Shalom