Parachat  BO

Le Pharaon dit à Moché et Aaron : « Allez servir l’Eternel votre D… ; quels sont ceux qui iront ? ». Moché lui répondit : « nous irons avec nos jeunes et nos vieillards ; nous irons avec nos fils et nos filles, avec nos brebis et nos bœufs, car nous avons fête en l’honneur de l’Eternel ». Il leur répliqua : « il n’en sera pas ainsi !… allez donc vous les hommes, et servez l’Eternel puisque c’est là ce que vous désirez » (Chémot X, 8-11).

Rachi explique que Pharaon est prêt à laisser les hommes sortir, mais refuse que les enfants les accompagnent, car « ce ne sont pas les enfants qui offrent habituellement les sacrifices ». Apparemment, l’attitude du Pharaon est justifiée : pourquoi les enfants auraient-ils besoin de sortir ? Mais Moché ne lui répond pas, et curieusement au moment de la plaie des ténèbres, le Pharaon consentira, subitement, de lui-même, à laisser sortir aussi les enfants ! (Verset 24).

Moché et Aaron avaient dit au Pharaon « le D… des hébreux s’est manifesté à nous, nous voudrions donc aller à trois journées de chemin dans le désert et sacrifier à l’Eternel notre D… » (Chémot V, 3). De fait, les enfants d’Israël devaient quitter définitivement l’Egypte, pourquoi ont-ils dit à Pharaon qu’ils ne partaient que pour quelques jours ? Par ruse, pour tromper Pharaon ? Sûrement pas, s’agissant de l’ordre de D… Soi-même ! Parallèlement, des gens mal intentionnés, comme Dathan et Aviram, se seraient fait un plaisir d’aller raconter « la vérité » au roi d’Egypte.

De plus, lorsqu’ils réunirent tous les Anciens d’Israël, « Aaron leur dit toutes les paroles que l’Eternel avait adressées à Moché » (Id. IV, 30). « Toutes les paroles », c’est-à-dire même ce qui devait être dit au Pharaon, à savoir qu’ils partiraient sacrifier dans le désert, à trois jours de marche. D’où une question supplémentaire : pour quelle raison les enfants d’Israël devaient-ils être au courant, dans le détail, de ce que Moché dirait au Pharaon ?

Le Rav Chalom Chavadron zatsal explique qu’il est évident que Pharaon savait que les enfants d’Israël quittaient définitivement l’Egypte, mais la discussion portait sur le motif de cette sortie. Moché aurait pu se contenter de réclamer la liberté pour le peuple, arguant qu’il avait été, de force, rendu esclave et privé de ses moindres droits. Une demande aussi légitime, l’aspiration à devenir une nation autonome, un peuple comme les autres, aurait certainement été reconnue, également aux yeux des voisins de l’Egypte. Mais Moché a restreint sa demande à l’essentiel :« trois jours de marche pour sacrifier à l’Eternel », sans évoquer la fin de l’esclavage, ni le départ définitif de l’Egypte, parce que le but essentiel est de servir l’Eternel, « devenir Ses esclaves », un peuple différent des autres ! Chose que le Pharaon ne voulait pas du tout admettre.

Le Pharaon se considérait comme un dieu, aussi va-t-il immédiatement réagir, en disant : « Je ne connais point l’Eternel, et aussi je ne renverrai  point Israël » (Id. V, 2). Si la demande n’avait pas été accompagnée de la reconnaissance de l’Eternel par Son peuple, le Pharaon aurait peut être pu l’accepter plus facilement. Sa véritable difficulté était de reconnaitre l’Eternel.

La requête étant formulée pour trois jours, pourquoi faire sortir le peuple tout entier, vieillards et enfants inclus ? C’est justement pour faire savoir que la Volonté de l’Eternel était que le peuple tout entier vienne Le servir. Cette réponse n’avait pas besoin d’être discutée car c’était là le cœur de la libération. Et c’est le message qu’il convenait de répandre, aussi bien chez les égyptiens que chez les hébreux.

C’est aussi la raison pour laquelle seul un cinquième des enfants d’Israël est sorti d’Egypte. Quitter l’esclavage, devenir libre, était certes un désir collectif, mais servir l’Eternel et accepter le joug de la Royauté divine est chose bien plus difficile, que seulement un cinquième du peuple accepta de tout cœur.

Chabbat Chalom Oumévorakh