PARACHAT  BECHALA’H

Les enfants d’Israël sont cernés de toute part, ils se retrouvent face à la Mer Rouge, poursuivis à l’arrière par les égyptiens, menacés sur les côtés par les bêtes sauvages : « le désert s’est refermé sur eux » (Chemot XIV, 3). Et voilà que le Pharaon et son armée se rapprochent, « remplis d’effroi, ils jetèrent des cris vers l’Eternel » pour L’appeler à leur secours… L’Eternel répondra à Moché : « Parle aux enfants d’Israël et qu’ils avancent » (Id. XIV, 10, 15).

Alors, en toute confiance, fermement décidées à obéir au commandement de D…, les Tribus sont prêtes à avancer dans la mer, bien qu’elle soit agitée. Elles rivalisent même, pour savoir laquelle se jettera la première. C’est la tribu de Binyamine qui s’élance avant les autres, mais Na’hchon ben Aminadav, le chef de la tribu de Yéhouda, la précède, et se précipite, le premier, dans les flots de la mer. C’est ce que souligne le Psaume (114, 1) : « Quand Israël sortit d’Egypte … Yéhouda devint Son peuple sanctifié, Israël le domaine de Son empire. La mer le vit et se mit à fuir ».

«  La mer le vit et se mit à fuir ». Que vit la mer, s’interroge le Midrach sur ce Téhilim ? Il répond, curieusement, qu’elle vit le cercueil de Yossef, et s’explique : le Saint béni-soit-il ayant déclaré « que la mer prenne la fuite devant celui qui prit la fuite », c’est-à-dire Yossef, comme il est dit qu’il  « s’enfuit et s’élança au dehors » (Béréchit XXXIX, 12). La mer se serait donc retirée devant Yossef et non pas devant Yéhouda et Israël, comme le dit pourtant de façon explicite ce verset ?

Le rav Hanokh Erentreuï dans son Quomets Min’ha s’emploie à expliquer cette contradiction apparente. A la traversée de la mer rouge, l’Ange accusateur s’est exclamé : « Ceux-là (les hébreux) servent les idoles, tout comme ceux-là (les égyptiens) », et pourquoi les premiers devraient-ils être sauvés ? C’est qu’alors, les enfants d’Israël n’étaient pas particulièrement pourvus de mérites. Pourtant le verset des Psaumes dit que Yéhouda et le peuple étaient déjà « sanctifiés ». Nos Sages nous enseignent que la sainteté se trouve partout opposée à la débauche. « Soyez saints sous entend : éloignez vous de la débauche ». Les égyptiens étaient totalement dans la dépravation, et l’Egypte, de tous les pays, était le creuset de l’immoralité et de la luxure ! Les hébreux se gardèrent de toutes ces perversions, faisant preuve de retenue et de pudeur. Les égyptiens n’eurent aucune emprise sur les femmes juives. C’est d’ailleurs « par le mérite des femmes pieuses que les enfants d’Israël furent délivrés d’Egypte ».

Yossef, supporta l’humiliation et la prison pour avoir résisté à l’adultère, avec la femme de Putiphar, à qui il déclare avec détermination : «  Comment pourrais-je commettre un si grand méfait et offenser le Seigneur ? » (Béréchit XXXIX, 9). Il a su résister à la tentation, la Torah témoigne de sa chasteté. Il est le Tsadik, le Juste par excellence, qui s’est gardé de l’immoralité et qui a su préserver sa sainteté !

Le rav Erentreuï rajoute que, de plus, le cercueil de Yossef rappelle aussi l’intervention de Moché, et ses qualités : « un homme sage qui s’empare des mitsvots » (Michlé 10,8). Parce que, bien que très sollicité, par de nombreuses tâches du fait de ses responsabilités, Moché se préoccupa, à la sortie d’Egypte, d’emporter les ossements de Yossef, afin de respecter ses dernières volontés.

Et donc en voyant Yéhouda (le roi) et les tribus s’approcher, c’est la sainteté de ce peuple que distingue la Mer rouge, et c’est l’illustration de cette sainteté qu’elle voit dans le cercueil de Yossef. Voilà pourquoi elle se retire devant eux, et elle se met à fuir d’autant plus vite que c’est à Moché, son homme de confiance, que D… a demandé « d’étendre sa main sur la mer et de la fendre ».

SHABBAT SHALOM OUMEVORAH