Parachat Nitsavim

« Vous voici aujourd’hui, tous debout, devant l’Eternel (…) tout homme d’Israël (…) pour te faire passer dans l’alliance de l’Eternel, ton D…, et dans son pacte solennel que le Seigneur a conclu avec toi, en ce jour » (Dévarim XXIX, 9-11).

Le Rambam (Hilkhot Mila ch. 3)  rapporte que chaque Mitsva a été scellée par trois alliances, comme il est dit : « Ce sont là les termes de l’alliance que l’Eternel ordonna à Moché, d’établir avec les enfants d’Israël dans le pays de Moab, indépendamment de l’alliance qu’Il avait conclu avec eux au ‘Horeb » (Id. XXVIII, 69), et aussi dans notre premier verset cité : « pour te faire passer dans l’alliance de l’Eternel, ton D… ».

Pourquoi ces trois alliances ? Et quelle en est la signification ?

Le Gaon de Vilna (Adérét Eliyahou) nous fait remarquer que pour la première alliance, celle du mont ‘Horeb, (parachat Békhoukotaï), la Torah emploi le pluriel, bien qu’elle s’adresse en fait à chacun d’entre nous. Elle est un pacte entre le Créateur et chaque particulier qui s’engage à se consacrer au service divin, et au dévoilement de Son grand Nom.

Dans la seconde alliance, celle du pays de Moab (parachat Ki-Tavo), à l’inverse, la Torah parle au singulier, alors qu’elle s’adresse, toutefois, à l’ensemble du Peuple, appelé Knéssét Israël, qu’elle vient unifier, et inviter à servir l’Eternel, collectivement.

 La troisième alliance est celle de l’interdépendance, de la « Arvout » ! Arvout  vient du mot Méourav, mélangé. Entremêlés, nous sommes impliqués les uns dans les autres, garants les uns des autres (Or Ha’haïm au verset 11) ; chaque juif d’une certaine manière, est responsable de son prochain. Il ne lui suffit pas de veiller à son épanouissement personnel, il importe qu’il se préoccupe aussi de son frère juif, afin que lui aussi s’accomplisse. En tant que garant, il pourrait même être puni pour les fautes commises par d’autres, s’il avait pu les empêcher et qu’il ne l’ait pas fait.

Fort heureusement, ce statut de garant présente cependant de gros avantages, puisque comme l’explique le Midrach Tan’houma : le monde entier tient par le mérite d’un seul Tsadik, qui est comme le pilier du monde, « Tsadik Yéssod  Olam ! ». Le peuple juif formant un seul corps articulé, aux membres imbriqués, la mitsva accomplie par l’un de ses membres sera aussi attribuée aux autres. 

Ces deux aspects, l’individuel et le collectif, sont intimement associés, interpénétrés. C’est pour cela, explique le Kéli Yakar, que la Torah les souligne en commençant notre paracha au pluriel, poursuivant au singulier : « Vous voici aujourd’hui, tous debout (…) Pour te faire passer dans l’alliance de l’Eternel, ton D… »

 Comment comprendre que l’homme, qui a entendu toutes les malédictions de  la paracha Ki-Tavo, pourrait « se trouver (…) qui se déterminerait à servir les dieux de ces nations (…), se donnerait de l’assurance en disant, je resterai heureux tout en me livrant à la passion de mon cœur » (Id. 17-18) ? Un tel comportement ne peut s’expliquer que par une grossière erreur d’interprétation ! Cet homme s’est convaincu que les exigences de la Torah ne concernent pas le particulier, mais le Peuple seul dans son ensemble. Il s’imagine pouvoir en sortir, se détacher du Klal Israël et vivre sa vie, à part, librement sans contrainte. Le verset l’a pourtant prévenu : « l’Eternel ne consentira jamais à le pardonner ! »

Le Midrach Tan’houma relève l’expression « en ce jour », qui lui fait dire : « Comme le jour qui parfois éclaire et qui parfois s’obscurcit, pour vous aussi qui êtes parfois dans l’obscurité, viendra un jour où « l’Eternel sera pour toi une lumière permanente » (Yéchaya LX, 19). A quel moment ? Lorsque vous serez tous unis conjointement. Un roseau isolé peut  facilement se rompre, mais en nombre, réunis en fagots, on ne peut les briser. Il en est de même pour le peuple d’Israël, lorsque « la maison de Yéhouda ira se joindre à la maison d’Israël, ensemble elles reviendront » accueillir la Chékhina (Yérmiyaou III, 18).

Chabbat Chalom Oumévorakh