Parachat VAYETSE

« Yaacov sortit de Bersheva, et se dirigea vers Haran. Il atteignit l’endroit (où) il passa la nuit » (Bérechit XXVIII, 10). « L’endroit », c’était sur le mont Moria (’Houlin 91b) et là D… se manifeste à lui dans un rêve prophétique, Qui lui promet la terre d’Israël, une descendance aussi nombreuse que la poussière de la terre, et Sa protection partout où il ira. Pourtant, lorsque Yaakov se réveille, il dit : « assurément, l’Eternel est présent en ce lieu et moi je l’ignorais » (Beréchit XXVIII, 16) et Rachi d’expliquer « car si j’avais su, je n’aurais pas dormi dans un lieu aussi saint ».

Mais, si Yaakov ne s’était pas endormi, à cet endroit-même, il n’aurait pas eu, vraisemblablement, ce rêve avec toutes ces promesses et ces bénédictions. Ne valait-il pas mieux pour lui d’avoir dormi et reçu cette extraordinaire révélation?

Imaginons que le jour de Kippour, au moment culminant de la prière de la Néila, quelqu’un s’endorme et reçoive dans un rêve les numéros gagnants du Loto. La semaine qui suit le voilà millionnaire. Exprimera-t-il un quelconque regret? Il pensera bien au contraire que telle était la volonté du ciel pour le rendre riche.

Le Rav Yaakov Galinski zatsal, nous explique que le devoir de tout homme est de se conduire selon la Halakha, en toute circonstance. S’il a été décidé qu’à cet endroit saint, là-même où sera construit le Beth Hamikdach, il ne faut pas dormir, Yaakov doit regretter de s’y être couché. Quant aux bénédictions et promesses de D… elles arriveront par un quelconque autre moyen, au gré de l’Eternel.

Tamar, enceinte, condamnée par Yéhouda à être brulée vive, parce qu’il la croyait fautive, était prête à mourir plutôt que de lui faire honte, en révélant qu’il était l’auteur de sa grossesse. Elle avait eu pourtant la prophétie qu’elle engendrerait des rois et des prophètes, mais elle s’en est remise à la volonté Divine!

Moché Rabbénou, avant de quitter Midyane pour l’Egypte, pour aller sur l’ordre de D… libérer les enfants d’Israël, demande cependant la permission à Yitro pour s’en aller. Car il lui avait juré de ne pas partir sans son consentement, et si Yitro avait refusé, Moché se devait de respecter la parole donnée! Bien sûr que D… aurait trouvé un autre moyen pour faire accomplir cette mission.

La guémara (Sanhédrin 98,a) rapporte que Rabbi Yéhochoua ben Levi a rencontré Eliahou Hanavi lequel lui révèle que le Machia’h se trouve assis parmi les lépreux, atteints de nombreuses plaies. Alors que les autres enlèvent et remettent tous leurs pansements à la fois, le Machia’h, lui, défait les siens et les refait un à un. C’est qu’il se veut prêt pour aller sans tarder, le moment venu, délivrer les enfants d’Israël, de crainte qu’en un rien de temps une transgression quelconque ne repousse sa venue. Pourtant souligne le Rav de Brisk le Machia’h ne peut pas venir un Chabbat ou un Jour de fête, du fait de l’interdiction de sortir du T’houm de la ville (Erouvin 43a). Quand bien même le peuple d’Israël serait à ce moment méritant le Machia’h ne peut transgresser une simple Mitsva fusse-t-elle d’ordre rabbinique.

Nous voyons, donc, que l’homme n’a pas à intervenir dans les desseins de son Créateur et que la fin ne justifie pas toujours les moyens. Le rôle de l’homme et son but final sont en toute circonstance d’appliquer à la lettre la Torah et la Volonté de son Créateur, qui y est inscrite.

SHABBAT SHALOM OUMEVORAH