Une goutte de Torah – Année 11 – n° 560 – Balak
12 Tamouz 5783 – 1er juillet 2023
L’enfer est pavé de bonnes intentions
A la fin de la Paracha, les Hébreux fautent avec les filles de Moav et de Midian, et se livrent à l’idolâtrie. Zimri, un prince de la tribu de Siméon, s’exhibe dans le camp avec une princesse midianite, ce qui provoque la colère du zélote Pin’has qui les transperce de sa lance (25:1-9). Pour cet acte, D.ieu le félicitera et lui accordera Son “alliance de paix”- la vie éternelle selon certains commentateurs qui pensent que Pin’has et le prophète Elie ne font qu’un – et la prêtrise pour lui et ses descendants (25:10-13).
Le Talmud (Sotah 22b) fait mention d’imposteurs qui agissent comme Zimri et qui prétendent recevoir la récompense de Pin’has. Rav Yossef ‘Haïm Sonnenfeld, rapporté par Talelei Oroth, s’interroge : comment quelqu’un agissant comme Zimri pourrait même rêver à recevoir une telle récompense ?
Selon lui, les motivations de Zimri étaient pures. Il avait constaté que les filles de Moav et de Midian obligeaient les Hébreux à commettre des actes idolâtres avant de se livrer. En conséquence, il pensait qu’en les emmenant dans le camp et en les convertissant, le peuple pourrait assouvir ses désirs sans succomber à l’idolâtrie. Selon Rachi (25:6), il avança comme argument que la femme de Moïse était elle-même midianite (fille de Jethro) et qu’il avait donné l’exemple. Il pensait ainsi, par sa conduite, sauver le peuple de l’idolâtrie !
Bien entendu, en voulant ouvrir grand les portes aux femmes étrangères, il était aveuglé par le désir et n’avait pas compris qu’il exposait le peuple à un danger non moins redoutable : l’immoralité et le risque d’une assimilation rapide.
Une histoire
Un entremetteur rend visite à un rabbin dont la fille, dotée de toutes les qualités, est en âge de se marier. Avec moult précautions, il suggère qu’il a pour elle un parti extraordinaire, non seulement doté de toutes les qualités morales, mais également d’une grande richesse : le prince héritier de la couronne d’Angleterre.
Le rabbin, indigné à l’idée de marier sa fille à un non-juif, conduit brutalement l’entremetteur à la porte. Ce dernier argumente et explique à quel point ce sacrifice améliorera le sort des juifs non seulement en Angleterre, mais dans le monde entier, que sa fille sera la nouvelle reine Esther, etc. Après plusieurs heures de débat, le rabbin se laisse convaincre, prend le deuil, dépose des cendres sur sa tête, et l’autorise à organiser un rendez-vous, se consolant à l’idée qu’en fin de compte ses petits-enfants seront quand même juifs.
En sortant, l’entremetteur, suant à grosses gouttes, soupire : “Ouf, la moitié du travail est faite ! ”
Chabbat Chalom
Jean Guetta
Relu et mis en page par Tania Guetta
