Behahalote’ha

Une goutte de Torah – Année 11 – n° 556 – Behahalote’ha

14 Sivan 5783 – 3 juin 2023

Les outils pour transmettre

(10:2) : “Fais pour toi deux trompettes d’argent que tu façonneras d’une seule pièce; elles te serviront à convoquer la communauté et à faire voyager le camp.”La Torah rajoute qu’elles étaient également utilisées lorsque le peuple partait en guerre (10:9) et à l’occasion des fêtes (10:10).

Selon le Talmud (Mena’hot 28ab), les trompettes de Moïse avaient deux caractéristiques : (i) elles devaient être façonnées d’un seul bloc d’argent ; (ii) contrairement à tous les autres ustensiles du Temple qui étaient intemporels, elles étaient réservés à l’usage exclusif de Moïse. Selon Rachi (Deutéronome 31:28), elles furent cachées à son décès – par D.ieu Lui-même selon Meam Loez – et personne d’autre ne put les utiliser.

Selon le Malbim – qui se base sur le verset (10:8) : “… elles vous serviront, comme institution perpétuelle, dans vos générations”- l’utilisation de trompettes devait rester en vigueur après la mort de Moïse, et on fabriqua donc de nouvelles trompettes pour Josué, son successeur.

Selon Rav Alan Kim’hi, ces trompettes sont le symbole de la communication avec le peuple. Elles devaient être façonnées d’un seul bloc d’argent, symbole de la permanence et de la cohérence du message à transmettre. Le fond du message – la Torah – reste immuable, mais, par contre, sa forme – la trompette – doit être adaptée à chaque époque pour pouvoir être entendu. Chaque génération doit avoir des enseignants capables de la comprendre et d’être compris en utilisant les outils adaptés à son époque.

(Exode 10:2) : “Afin que tu racontes à ton fils et à ton petit-fils, ce que j’ai fait aux Égyptiens…”: nous devons transmettre la tradition à nos enfants et à petits-enfants, mais nous n’avons pas d’obligation au-delà car l’écart de compréhension entre les générations rendrait la communication quasi impossible.

Qu’est ce qui sépare un rabbin,  un fourreur, un psychanalyste et un patron de start-up à Tel Aviv ? Trois générations !

Une histoire personnelle

A l’époque où j’exerçais dans l’industrie du logiciel, dans les années 80, mon Grand-Père z’l, 90 ans à l’époque, voulut voir où je travaillais. Après une visite des bureaux, dont un plateau de programmeurs qui l’impressionna beaucoup, il me demanda ce qu’on vendait.

Je lui montrais les disquettes sur lesquelles on vendait les logiciels à l’époque. Quand je lui en donnai le prix, il faillit s’étrangler. Comment pouvait-on vendre aussi cher ce mince disque de plastique ?

Je lui expliquais ce qu’était un logiciel et l’énorme investissement intellectuel qu’il représentait, mais, bien qu’il fut un homme très intelligent, commerçant au siècle dernier au Maroc, il ne fut jamais convaincu et repartit songeur en hochant la tête.

Chabbat Chalom

Jean Guetta

Relu et mis en page par Tania Guetta