Une goutte de Torah – Année 11 – n° 557 – Chela’h Le’ha
21 Sivan 5783 – 10 juin 2023
Le danger de la subjectivité
Moïse envoie des explorateurs pour déterminer le meilleur moyen de conquérir la terre de Canaan que D.ieu a promis aux Hébreux. A leur retour, ils font un rapport catastrophique qui aura des conséquences dramatiques : au lieu de rentrer directement en terre promise, les Hébreux passeront 40 années dans le désert jusqu’à la disparition de la génération des explorateurs.
Pourquoi ces explorateurs – pourtant choisis parmi l’élite du peuple – ont dépeint la terre de Canaan de manière aussi négative, démontrant un manque de confiance dans la promesse divine ?
Selon Rabbi Yissocher Frand, ils étaient des personnages importants qui savaient que leur statut serait dégradé en arrivant en terre de Canaan, ce qui les poussa inconsciemment à la dénigrer, préférant rester dans le désert pour conserver leurs prérogatives.
Une telle motivation ne pouvait pas animer Josué, serviteur de Moïse, qui était également un des explorateurs. Et pourtant, selon Rav Frand, Moïse craignait qu’il puisse se joindre à eux, mais pour une toute autre raison. Dans la précédente Paracha, deux ancien, Eldad et Medad avaient prophétisé que Moïse ne rentrerait pas en Canaan, mais que ce serait Josué qui les y conduirait (Rachi sur 11:28). Moïse, connaissant le caractère de son disciple, craignait que ce dernier dénigre inconsciemment la terre de Canaan afin de ne pas avoir à remplacer son maître. C’est pour éviter cela qu’avant son départ, Moïse changea son nom et pria pour que D.ieu le sauve d’un tel biais (Rachi sur 13:16).
Tout le monde sait qu’un désir inconscient de pouvoir ou de richesse peut influencer une décision que nous croyons avoir pris objectivement, mais il faut être conscient que cela est aussi vrai de traits de caractères considérés comme très positifs comme l’humilité, la gentillesse ou le respect d’autrui. Avant de prendre une décision importante, surtout si elle comporte une dimension émotionnelle, il est toujours souhaitable de demander conseil à quelqu’un qui aura le recul suffisant pour porter un regard objectif sur la situation.
Une histoire
Les amis de David lui proposent de participer à une partie de poker qu’ils organisent dans la soirée, mais il avait prévu d’assister à un cours de Torah à la même heure.
Finalement, il arrive à la partie de poker avec du retard. Ses amis lui demandent ce qui lui est arrivé.
David : “J’avais un dilemme entre la partie de poker et le cours de Torah, alors j’ai décidé de tirer à pile ou face. ”
“OK, mais c’est rapide de tirer à pile ou face, pourquoi ce retard ? ”
“Ben, j’ai quand même dû tirer 30 fois ! ”
Chabbat Chalom
Jean Guetta
Relu et mis en page par Tania Guetta