Une goutte de Torah – Année 11 – n° 544 – Ki Tissa
18 Adar 5783 – 11 mars 2023
La précipitation
A peine 40 jours après avoir reçu et accepté la Torah au Mont Sinaï, les Hébreux commettent la pire faute qui soit : la construction d’une idole, le veau d’or.
Nos commentateurs donnent à cet épisode d’innombrables raisons et justifications. Rabbi Dr Yaakov Greenwald z’l, qui était un psychologue réputé, offre un éclairage psychologique très actuel : quand un problème se présente à nous, dans n’importe quel domaine, on pense parfois qu’on devrait être capable de vite l’analyser et d’envisager les solutions possibles. Seulement, souvent, tous les paramètres ne sont pas connus, ou certains sont flous ; cette incertitude, au-delà du problème lui-même, crée un profond malaise. Pour le dissiper, on ressent le besoin de rapidement « faire quelque chose », et parfois, le résultat est catastrophique.
Selon Rachi (32:1), à la suite d’un malentendu sur un calcul de date, Moïse est redescendu du Mont Sinaï avec un jour de retard sur le délai prévu par le peuple. Les Hébreux ont immédiatement conclu à son décès, et, pressés par le besoin d’agir, ils créèrent un veau d’or pour le remplacer. Au verset (32:8) : « Ils se sont détournés rapidement de la voie que J’avais prescrite… », la Torah fait clairement allusion à la précipitation comme racine de la faute.
Quand on se trouve face à un problème sans solution évidente, plutôt que de se précipiter et faire n’importe quoi, il est préférable d’accepter mentalement d’être dans une situation ambiguë ou difficile, et de la laisser reposer jusqu’à ce qu’une solution finisse par apparaître ou qu’elle résolve d’elle-même. Si les Hébreux s’étaient donnés une nuit pour réfléchir, le retour de Moïse aurait réglé le problème.
Il y a bien longtemps, quelqu’un m’a conseillé de toujours « laisser passer une nuit » avant de prendre une décision importante. C’est un des conseils les plus utiles que j’ai reçus, comme celui de tourner ma langue dans ma bouche sept fois avant de répliquer à des propos agressifs.
Une histoire
Sarah est une mère toujours pressée, très attachée à son petit dernier de 18 mois, David, qu’elle emmène partout où elle va, installé dans un petit sac à dos conçu à cet effet.
Un jour, elle apprend qu’un magasin de chaussures brade ses stocks. Pour profiter d’une bonne affaire, elle se précipite à la vitesse de l’éclair vers l’escalier, mais elle trébuche et dégringole les marches, tête en avant. Arrivée en bas, elle est toute contusionnée, avec une cheville et un poignet foulés et sa robe déchirée. Craignant le pire pour David, elle défait son sac à dos… et le voilà qui applaudit en riant aux éclats : « Encore, encore… ! »
Chabbat Chalom
Jean Guetta
Relu et mis en page par Tania Guetta