Une goutte de Torah – Année 11 – n° 526 – Le’h Le’ha
11 Hechvan 5783 – 5 novembre 2022
Ne changez pas d’hôtel !
Après un séjour mouvementé en Egypte, Abraham remonte en terre de Canaan : (13:3) : « Il repassa par ses pérégrinations … jusqu’à l’endroit où avait été sa tente la première fois… »
Selon le Talmud (Ara’hin 16b) rapporté par Rachi, on déduit de la syntaxe du verset qu’Abraham logea, au retour, dans les mêmes auberges où il avait résidé lorsqu’il descendit en Egypte et que, de même, une personne ne doit pas changer de logement lors de ses déplacements, de peur de porter discrédit à son hôte, ou de paraître comme un client difficile.
Toujours selon Rachi, Abraham était ruiné quand il descendit en Egypte (selon un Midrach, il avait distribué tous ses biens pour nourrir le peuple en Canaan). Il se contenta donc d’auberges modestes et fut même parfois incapable de payer. C’est d’ailleurs pour rembourser ses dettes qu’il accepta les cadeaux de Pharaon (12:16), alors que, plus tard, après la guerre des rois, il refusera les richesses offertes par le roi de Sodome (14:23).
Au retour d’Egypte, c’était un homme très riche qui aurait pu se payer les meilleurs hôtels ; malgré cela, il séjourna dans les mêmes auberges qu’à l’aller : il tenait à montrer sa reconnaissance à ceux qui l’avaient accueilli et qui lui avaient fait confiance, et il en profita pour rembourser ses dettes.
Quand la fortune nous sourit, n’oublions pas les personnes qui nous ont aidés dans des moments difficiles.
Une histoire
Un juif de passage dans une petite ville voulut y passer Chabbat, et s’adressa au rabbin local. Notre homme, très démuni, voyageait à pied et personne n’avait envie de recevoir un tel invité, même pas le président de la communauté, pourtant connu pour sa fastueuse hospitalité. Finalement, un couple presque aussi démuni que lui l’accueillit, et ils passèrent un Chabbat modeste, mais harmonieux.
Quelques années plus tard, la roue de la fortune tourna, et notre voyageur s’enrichit considérablement. Ses affaires le conduisirent dans la même ville une veille de Chabbat, mais, cette fois-ci, il roulait en carrosse. Le président de la communauté se précipita pour lui offrir l’hospitalité.
Avant Chabbat, le cocher se présenta chez le président, et lui confia le carrosse et les chevaux. Notre voyageur, lui, alla passer Chabbat chez le couple qui l’avait accueilli quelques années auparavant.
Lorsque le président lui demanda des explications, il lui répondit : « Lors de mon dernier passage, il était clair que vous ne vouliez pas de ma compagnie ; aujourd’hui, il semblerait que mon carrosse et mes chevaux vous ont fait changer d’avis ; vu l’intérêt que vous leur portez, je les ai envoyés passer Chabbat chez vous. »
Chabbat Chalom
Jean Guetta
Relu et mis en page par Tania Guetta