Lekh-Lékha

comme un petit peuple dédaigné  

Abraham ayant refusé le butin que lui offrait le roi de Sodome, D… se manifeste à lui, en songe, pour lui promettre de grandes récompenses. « D… Eternel que me donneras-tu, alors que je m’en vais sans enfant, et que l’intendant de ma maison (le fils adoptif) est Eliezer de Damas ? » Est-ce lui mon héritier ? demande Abraham. « Ce n’est pas lui qui sera ton héritier, mais celui qui sortira de tes entrailles» lui répond le Seigneur. « Et Il le fit sortir en plein air et (lui) dit regarde je t’en prie vers le ciel et compte les étoiles : si tu  peux les compter (…) ainsi sera ta descendance » (Beréchit  XV, 2-5).

Compter les étoiles ? C’est, en vérité, une tentative illusoire pour l’homme ! D’abord parce qu’elles ne sont pas toutes accessibles à l’œil nu et de plus elles se comptent par millions. Mais de l’Eternel il est dit : « Il détermine le nombre des étoiles, à elles toutes, Il attribue des noms » (Téhilim CXLVI, 4). On peut toutefois s’interroger sur l’intérêt de leur existence et pourquoi D… les a ainsi multipliées.

La guémara (‘Houlin 60b) nous enseigne qu’à l’origine  « D … fit deux grands luminaires » (Beréchit  I, 16) : le soleil et la lune étaient égaux en taille et en luminance. Mais la lune fut amoindrie car elle s’était plainte en disant : «deux rois ne peuvent pas partager la même couronne ! » Le Midrach Raba (Beréchit 6) nous révèle qu’après avoir rapetissé la lune, D… lui accorda une armée d’étoiles pour apaiser son chagrin. Autrement dit, la création des étoiles fut décidée pour les besoins de la lune et non pas pour elles-mêmes. Du fait qu’elles sont une création pour l’Autre, l’Eternel apprécie particulièrement les étoiles.

Le peuple d’Israël, aussi, est cher aux yeux de l’Eternel, parce que ses membres sont attentifs à leur prochain, tournés, les uns vers les autres, pour s’entraider et se soutenir dans les épreuves (Ohél Moché).

Pour le Baal-Chém-tov, également, Israël peut être comparé aux étoiles. De même que certaines d’entre elles nous apparaissent minuscules à la vue, alors que leurs dimensions dépassent de très loin celles de la terre, de même Israël dans ce monde-ci est négligé, et considéré comme un petit peuple dédaigné, alors qu’au Ciel son rayonnement est grand et son rôle fondamental voire indispensable.

Comme le sable de la mer ou comme les étoiles du ciel « telle sera ta postérité ». Israël est cependant un peuple « à la nuque  roide », s’il peut atteindre des hauteurs insoupçonnées, il peut  aussi chuter, à D… ne plaise, et se trouver comme le sable, foulé aux pieds (Or Ha’haïm).   Le Rav Meir Chapira zatsal de Loublin, initiateur de l’étude du Daf Hayomi, avait l’habitude de dire que lorsque l’Eternel demande à Abraham de compter les étoiles, Abraham soucieux d’accomplir ce commandement, s’exécute et commence à les compter, bien qu’il se rende compte de l’impossibilité d’y parvenir. C’est alors que D… l’arrête pour lui dire « ainsi sera ta descendance ». C’est-à-dire que le peuple d’Israël agira ainsi, à l’exemple d’Abraham, et fera tout son possible pour accomplir la volonté du Créateur même en sachant qu’il n’y arriverait pas toujours.

L’essentiel est de Vouloir et d’essayer, la réussite, elle, dépend de la Providence divine. Le comportement de Batia, la fille du Pharaon qui s’était rendue au bord du fleuve, pour la Tévila (pour se convertir au judaïsme) en est une illustration. Elle entend les pleurs du bébé Moché. Elle va tendre la main vers le panier où il se trouve  bien qu’il soit hors de sa portée. Son bras s’allongea de façon miraculeuse et elle put l’atteindre.

Chabbat Chalom Oumévorakh