Metsora

Une goutte de Torah – Année 12 – n° 602 – Metsora

12 Nissan 5784 – 20 avril 2024

Cette goutte de Torah est dédiée au succès de nos vaillants soldats dans leur lutte pour l’annihilation de nos ennemis et le retour de nos otages sains et saufs B’H’.

Ne pas se dénigrer

Après avoir détaillé la Tsaraat (sorte de  “lèpre“) qui touchait les êtres humains, puis les vêtements, la Torah décrit la Tsaraat des maisons (14:33-53). En cas de suspicion, le propriétaire de la maison allait voir le Cohen et lui déclarait (14:35) : “…Quelque chose comme une altération m’est apparu sur la maison.” Le Cohen venait alors examiner la maison, et, s’il confirmait qu’il s’agissait bien de Tsaraat, la maison devait être partiellement, ou même parfois totalement, détruite puis reconstruite sur des bases saines.

Selon Rachi, même si le propriétaire était un homme érudit qui pouvait lui-même déterminer si sa maison avait été frappée, il devait néanmoins utiliser la formule (“Quelque chose comme…”) qui laissait la place au doute ; et cela, en application du principe talmudique (Bera’hot 19a) “on ne doit jamais donner une ouverture au Satan.”, c’est-à-dire exprimer verbalement quelque chose qui pourrait nous nuire (du genre : ”je suis nul….”, ou “je mérite ce qui m’arrive…”, etc.)  En effet, la parole a un pouvoir créateur, et si le propriétaire affirmait d’emblée, avant la confirmation du Cohen, que sa maison avait été frappée, il augmentait les chances que ce fut effectivement le cas.

Le ‘Hafetz ‘Haïm, auteur d’un ouvrage de référence sur le “Lachon Hara” – les lois sur l’interdiction de la médisance et du langage dérogatoire – avait, à l’occasion d’un incident, compris l’importance de ne pas se dénigrer.

Une histoire vraie

Le ‘Hafetz ‘Haïm, un très grand rabbin du début du 20° siècle, habitait la ville de Radin en Pologne. Un jour, un homme se rendit à Radin pour le consulter.

En chemin, il rencontre un vieux juif barbu et lui demande comment arriver à la maison du Pieux, Juste et Saint ‘Hafetz ‘Haïm. Le vieil homme lui indique le chemin et rajoute : “Mais vous savez, ce qu’on entend sur lui est exagéré, il n’est ni pieux, ni juste, ni saint.”

Choqué, le visiteur gifle le vieux juif: “Comment oses-tu parler de la sorte de ce Saint homme ?”

Sans plus faire attention à cet incident, il arrive à la maison du ‘Hafetz ‘Haïm, et, au moment où on l’introduit dans son bureau, il manque de s’évanouir : Se tient devant lui, un large sourire aux lèvres, le vieux juif qu’il venait de gifler.

Il fond en larmes et demande pardon au ‘Hafetz ‘Haïm qui l’embrasse chaleureusement : “Inutile de t’excuser, j’ai mérité cet avertissement. J’ai consacré une partie de ma vie à étudier les lois du Lachon Hara, et tu m’as fait concrètement comprendre l’importance de ne pas parler négativement de soi-même.

Chabbat Chalom

Jean Guetta

Relu et mis en page par Tania Guetta