PARACHAT BALAK

Voyant qu’il ne pouvait maudire les enfants d’Israël Bilaam donna le conseil à Balak de les amener à fauter avec les filles de Moab et celles de Midyan. Il était sûr d’attirer ainsi, sur eux, la colère du Ciel. 

        « Israël s’établit à Chittîm. Là le peuple  se livra à la débauche avec les filles de Moab (…) Ceux qui avaient péri par suite du fléau étaient au nombre de vingt-quatre mille. » (Bamidbar XXV, 1-9).

Le Réma de Pano rapporte, aux noms des Mékoubalim, que ces vingt-quatre mille fauteurs revinrent ensuite en Guilgoul dans les élèves de Rabbi Akiva, qui eux aussi sont morts au nombre de vingt quatre mille. Surprenant ! Les élèves de Rabbi Akiva étaient pourtant tous des Tsadikim. Mais ils sont morts pour avoir manqué de respect, les uns vis-à-vis des autres, ce qui n’était pas le cas des vingt-quatre mille morts par le fléau, suite à leur débauche.

En Egypte, les enfants d’Israël avaient particulièrement préservé leur pureté des mœurs, et également dans le désert, comme le rapporte le Midrach (Chémot Rabba 1, 1). Leur faute avec les filles de Moab n’était donc que ponctuelle ; qu’est ce qui les amena à une telle situation ?

Le midrach (Yalkout Chimoni 771) nous enseigne : « Lorsque Bilaam se leva pour bénir les enfants d’Israël, sa voix porta à plus de soixante kilomètres et fut entendue par tous les enfants d’Israël. Plus « grande » a été la bénédiction de Bilaam que celle de Yaakov ou que celle de Moché ! Lorsque Yaakov bénit ses enfants, il leur fit tout d’abord des remontrances, et en particulier à Chimon et Lévi. Moché également fit des reproches aux enfants d’Israël, avant de les bénir. Mais Bilaam, quant à lui, ne prononça que des bénédictions ; les enfants d’Israël en furent flattés et c’est pourquoi ils fautèrent ensuite avec les filles de Midyan. » C’est ce que dit le verset : « Mieux vaut entendre les reproches d’un sage que d’écouter les chansons des sots (Kohélét VII, 5). »

Le rav Ayzek Cher, zatsal, de Slabotka expliquait d’après la guémara (Kidouchin 30b) que dans la nature des choses, l’homme n’a aucune chance de vaincre son mauvais penchant si l’Eternel ne lui venait pas en aide. Et Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva ch 1, 27) de nous rappeler que si l’homme est orgueilleux, le Ciel ne peut lui venir en aide, parce que : « Tout cœur hautain est en horreur à l’Eternel » (Michlé XVI, 5).

Les paroles de Bilaam qui firent l’éloge des enfants d’Israël, sans aucune réprimande, les ont flattés et suscité une pointe d’orgueil, raison suffisante compte tenu de leur niveau spirituel élevé, pour que l’Eternel s’éloigne d’eux. Et c’est aussitôt après, qu’ils fautèrent avec les filles de Midyan.

Le verset précise: « Quoi ! Vous avez laissé vivre toutes les femmes … ce sont elles, qui à cause des paroles de Bilaam, ont porté les enfants d’Israël à trahir l’Eternel pour Baâl Péor » (Bamidbar XXXI, 16). Ce sont les paroles de Bilaam qui les amenèrent à l’orgueil.

Ainsi, conclut le rav Réouven Karlenchtein, zatsal, on comprendra le lien avec les élèves de Rabbi Akiva, qui eux aussi moururent au même nombre, parce qu’ils ne s’étaient pas respectés les uns les autres, à cause d’un peu d’orgueil personnel qui les empêchait de voir la grandeur de l’autre.

Chabbat Chalom Oumévorakh