Parachat BALAK

« Bilaam se leva le matin, il sangla son ânesse, il alla avec les princes de Moav » (Bamidbar XXII, 21). Rachi rapporte la Guémara (Sanhedrin 105, b) : « de là (du fait que Bilaam ait lui-même sanglé son ânesse), nousapprenons que la haine brouille le rang hiérarchique. Le Saint béni soit-Il lui a dit : mécréant ! Leur patriarche, Abraham, t’a déjà précédé, comme il est écrit : Abraham se leva de bon matin, il sangla son âne (Béréchit XXII, 3) ». Autrement dit, D… oppose à Bilaam le mérite d’Abraham qui s’était levé de bonne heure le matin et avait, aussi, sanglé lui-même son âne, pressé d’accomplir la mitsva du « sacrifice » d’Yitshak. Le mérite de la Akédat Yitshak, ellemême, n’aurait pas suffit à contrer les intentions de Bilaam ? Pourtant lever le couteau dans l’intention d’égorger son fils en l’honneur de D… relève d’une conduite bien plus méritoire, et a priori davantage capable d’entraver les projets de Bilaam.
Le Rav Aaron Leib Shteinman chlita répond qu’évidemment Abraham n’avait pas hésité un seul instant à sacrifier son fils, mais il n’était pas tenu de se lever de bonne heure ni de préparer lui-même son âne. Ce zèle d’Abraham, l’ardeur dont il fait preuve dans les détails, montre son attachement sincère et profond aux commandements de Son créateur, et sa volonté de Lui faire plaisir. Par contre Bilaam, lui, s’est empressé de sangler sa bête, mais pour contrarier son Créateur et partir maudire, Son peuple, Israël.
De même à propos du récit, que nous rapporte la Guémara (Chabbat, 33b). Rabbi Chimon Bar Yo’haï et son fils Rabbi Elazar, sortis de la grotte après douze années d’étude intense de la Torah, ne pouvaient supporter de voir des gens, occupés aux travaux de ce monde, labourer, semer et récolter les champs. De leur simple regard (accusateur) ils brûlaient tous les alentours, au point que D… les renvoya encore 12 mois dans la grotte. En ressortant, un vendredi après-midi, ils voient un vieillard qui coure avec deux branches de myrte à la main. Cet homme leur explique qu’il les a cueillies en l’honneur du Chabbat, deux branches : l’une pour zakhor et l’autre pour chamor, les deux termes utilisés par la Torah, dans les tables de la Loi, pour nous recommander le Chabbat. Et c’est alors que Rabbi Chimon et son fils furent rassérénés.
Sortis de la grotte ils ont pourtant certainement rencontrés des gens portant Tsitsit et Téfilin et accomplissant bien d’autres Mitsvot, mais seules les deux branches de myrte les interpellent et les apaisent. Car accomplir en soi une Mitsva est un commandement dont l’homme ne peut se défaire. Par contre rechercher du myrte en l’honneur de Chabbat, n’est pas une obligation, mais un plus, une marque d’attachement à la mitsva et la volonté de faire plaisir à son Créateur. Et c’est ce qui va séduire, tout particulièrement, Rabbi Chimon et son fils.
La Guémara (Baba Kama 9b) nous apprend, aussi, que pour embellir une Mitsva l’homme ne doit pas hésiter à rajouter, à son prix moyen, jusqu’au tiers de plus. Il méritera alors de jouir de l’usufruit de cette Mitsva dans ce monde-ci. Car la récompense des Mitsvots, que l’homme accomplit, n’est pas de ce monde. Mais l’embellissement est un plus qui révèle notre attachement aux commandements de D… Préparer un beau loulav, aquérir un bel étrog, une belle paire de Téfilin, faire à chaque fois davantage, nous vaudra une récompense supplémentaire, tout en nous conservant le capital pour le monde futur.

SHABBAT SHALOM OUMEVORAH