Parachat BAMIDBAR

« Puis ils convoquèrent toute la communauté, le premier jour du second mois ; et on les enregistra selon leurs familles et leurs maisons paternelles en comptant, par noms, ceux qui avaient vingt ans et plus, chacun individuellement » (Bamidbar I, 18).

Rachi qui rapporte le Midrach Yalkout Chimoni précise : « les enfants d’Israël ont, ce jour là, apporté les documents attestant leur généalogie, et des témoins pour confirmer leur ascendance, afin que chacun puisse être enregistré, selon sa lignée, dans sa tribu ».

Les Bné Israël ont toujours accordé beaucoup d’importance à leur généalogie. Le Yalkout Chimoni (684) nous apprend aussi, qu’au moment du don de la Torah, les autres peuples de la terre (qui l’avaient pourtant refusée), jaloux des Enfants d’Israël, ont cherché à en profiter et ont demandé à D…, pourquoi ne recevraient-ils pas la Torah, eux aussi ? D… leur répondit : « apportez à l’Eternel les familles des peuples. » (Téhilim 96,7), amenez vos documents attestant vos ascendants et votre filiation comme l’ont fait les Enfants d’Israël.

On peut s’interroger sur ce lien particulier entre la généalogie des peuples et le don de la Torah. Et pourquoi ces peuples se trouvèrent-ils embarrassés ? Ils avaient pourtant eux aussi des documents. Il a été détaillé à propos d’Yichmaël « voici la descendance de Yichmaël » (Béréchit XXV, 12), et à propos de Essav « voici la descendance de Essav » (XXXVI, 1).

 Les Commentateurs expliquent qu’en fait, si les nations du monde ont leur lignée, elles n’en accordent que peu d’importance. Les jeunes gens s’estiment plus intelligents que leurs ancêtres et ne ressentent aucune fierté du fait de leurs parents. Par contre les Enfants d’Israël, eux, se tournent en permanence vers leurs ancêtres, qu’ils citent en exemple comme il est dit « Chacun doit se demander quand est-ce que j’atteindrai le niveau de mes ancêtres Abraham, Itshak et Yaakov ? » (Tana déBé Eliahou). Fiers de leur ascendance, conscients de la grandeur de leurs pères, ils cherchent à leur ressembler, et à s’en rapprocher.

 

Les romains ayant décidé, par décret, d’entraver les juifs dans leur pratique du Chabbat, de la circoncision, et de la pureté familiale, Rabbi Chimon bar Yo’haï fut désigné pour partir à Rome afin d’obtenir l’annulation de ces mauvais décrets. Un démon se présenta sur son chemin, pour l’accompagner et lui venir en aide. Rabbi Chimon se mit alors à pleurer. « Un ange du ciel est apparu à trois reprises à la servante (Agar) de notre père (Abraham) et pas même une seule fois à moi-même » (Guemara Méïla 17). Le grand Rabbi Chimon bar Yo’haï, l’auteur du Zohar, le livre de la Splendeur, le premier homme autorisé à révéler les secrets de la Kabbale, s’estimait modestement d’un niveau spirituel inférieur à celui d’Abraham.

Au moment du don de la Torah l’Eternel a dit aux peuples de la terre : « Vous qui ne prêtez pas d’intérêt à vos ancêtres, Je ne peux vous confier la Torah. Vos enfants diront demain : nos pères ne savaient pas ce que nous savons aujourd’hui ; leur vision de la vie était inexacte. Ils ont accepté la Torah, nous l’aurions refusée.» C’est pourquoi l’Eternel l’a donnée aux enfants d’Israël, pour qui les générations les plus proches du don de la Torah sont, elles, les plus respectables.

Shabbat Shalom Oumevorakh