« Faites le relevé de toute la communauté des enfants d’Israël, selon leurs familles et leurs maisons paternelles, au moyen d’un recensement nominal de tous les mâles. » (Bamidbar I, 2)
Le Midrach Yalkout Chimoni (684) rapporte que les nations du monde étaient jalouses du don de la Torah au peuple d’Israël, et ont réclamé : Pourquoi avait-il été lui seul choisi ? L’Eternel leur répondit : « Apportez vous aussi votre livre généalogique, comme mes enfants l’ont amené. » C’est pourquoi le verset qui a précisé « selon leurs familles et leurs maisons paternelles » fait suite au verset de la paracha précédente : « Tels sont les commandements que l’Eternel donna à Moché pour les enfants d’Israël au mont Sinaï », (Vayikra XXVII, 34).
Ce Midrach est surprenant car nos sages nous enseignent (Avoda Zara 2b) que l’Eternel proposa la Torah à toutes les nations du monde et qu’ils la refusèrent. Que viennent-ils alors réclamer maintenant ? Autre question : en quoi le fait d’avoir un livre généalogique est une réponse à leur demande ?
C’est que les enfants d’Israël, malgré leur acceptation et leur affirmation « Naassé Vénichma » ont eu peur de recevoir la Torah. Aussi, l’Eternel renversa la montagne du Sinaï sur eux, les menaçant de les enterrer sous elle, s’ils n’acceptaient pas unanimement la Torah. Les nations ont argué qu’elles auraient dû, elles aussi, être forcées à la recevoir.
La réponse est que le peuple d’Israël n’a pas montré son attachement à D…, au seul moment du don de la Torah, mais bien auparavant, depuis des générations, depuis leurs ancêtres Abraham, Yits’hak et Yaakov. Et c’est la grande différence entre ce peuple et les autres !
Ces remarques du rav Haïm de Vologine (Rouah Haïm, Avot 5, 3) sont éclairantes : « Nos pères ont peiné pour acquérir leur Emouna et leur attachement à D…, et nous, leur enfants, nous avons hérité du fruit de leur labeur, qui est maintenant ancré dans notre nature. La force du peuple d’Israël est qu’il est prêt à sanctifier le Nom Divin au péril de sa vie. Une force qui nous vient de la Akédat Yitshak, où le père comme le fils étaient prêts à donner leur vie pour l’Eternel. »
Quand bien même D… aurait forcé les non-juifs à accepter la Torah, en l’absence de mérite de leurs pères, les générations suivantes n’auraient pas tardé à l’abandonner complètement !
Le rav Israël Yaacov Fisher, zatsal, écrit que la lignée ne reflète pas uniquement le mérite des pères, mais aussi celui de leurs enfants, qui ont su garder ce livre, marquant leur attachement aux générations précédentes, et poursuivant leur chemin, en marchant à l’ombre de leurs actions. Ils méritaient de recevoir la Torah, quitte à en être forcés de l’accepter.
La Torah souligne à plusieurs reprises l’influence des ascendants sur leurs descendants, par les similitudes de conduite. « Dina fille de Léa sortit … et … fut remarquée de Chékhém » (Béréchit XXXIV, 1). Parce qu’elle était justement la fille de Léa et non pas celle de Rahel (or Hahayim), sa mère Léa qui, elle aussi, sortitdans les champs à la rencontre de Yaacov (Id. XXX, 16). Pinhas « le zélateur fils de zélateur ». Fils de zélateur car il était le petit-fils de Lévi, lequel avec Shimon est allé venger l’affront fait à leur sœur dans la ville de Chékhem.
Chabbat Chalom Oumévorakh