« Et voici la confection du candélabre : tout d’une pièce, en or, jusqu’à sa base, jusqu’à ses fleurs, c’était une seule pièce. D’après la forme que l’Eternel avait indiquée à Moché, ainsi il avait fabriqué le candélabre. » (Bamidbar VIII, 4)
Rachi nous enseigne que la tâche étant difficile, le Saint béni soit-Il l’avait montrée du doigt à Moché, en disant « et voici…». Rabbi Lévi bar Rébbi révèle que lorsque l’Eternel ordonna de fabriquer la Ménora, Moché Lui demanda comment la faire? D’une seule pièce lui répondit l’Eternel. Une fois redescendu du ciel Moché oublia la réponse et dû remonter pour redemander, et ce à deux reprises (Midrach Rabba XV, 10). Finalement c’est Bétsalel qui fabriqua ce candélabre.
De ce Midrach il apparait qu’une Ménora faite d’une seule pièce soit très difficile à réaliser. Mais pourquoi, de tous les ustensiles du temple, le candélabre, particulièrement, devait-il être fait d’un seul bloc et non pas de plusieurs parties à assembler? C’est que la Ménora représente la Torah et ceux qui l’étudient. « Qui recherche la Sagesse se tourne (pendant la prière) vers le Sud », et c’est côté Sud, justement, que se trouvait la Ménora dans le Beth Hamikdach.
Le Sforno explique le verset (VIII, 2) « quand tu disposeras les lampes c’est vis-à-vis de la face du candélabre (la branche centrale) que les sept lampes doivent projeter la lumière » : les branches de droite et celles de gauche devaient être tournées vers celle du milieu. Or les branches de droite représentent ceux qui s’adonnent entièrement à l’Etude de la Torah, et celles de gauche ceux qui les soutiennent et leur permettent d’étudier à temps plein, à l’exemple de Yissakhar et Zévouloun. Leur action commune fera grandir le Nom de D…, ce que veut dire le verset « le peuple entier répondit d’une voix unanime : tout ce qu’a dit l’Eternel nous le ferons! » (Chemot XIX, 8). Et c’est seulement par la mise en commun des moyens que le peuple, dans son ensemble, peut réussir à accomplir la volonté de D…
Le Sforno poursuit : c’est pourquoi il fallait que la Ménora soit faite d’une seule pièce, symbole d’unité, que réalise l’action conjointe de ces deux parties qui forment le peuple d’Israël.
Le Rav Koppelman zatsal avait l’habitude de rajouter qu’en fait ces deux fractions se trouvent aussi à l’intérieur de chacun d’entre nous, car l’homme doit se soucier de ses besoins matériels mais sans que cette préoccupation n’entrave l’Etude de la Torah et l’accomplissement des Mitsvots. C’est là, la véritable difficulté « du bloc en une seule pièce », la conjugaison des efforts qui permettra d’accomplir la volonté du Créateur.
Un des dix miracles quotidiens du Beth Hamikdach est que « jamais les pluies n’ont éteint le feu de l’autel » (Avot ChV, 5). Le Rav Haïm de Vologine zatsal explique que D… aurait très bien pu faire en sorte qu’il ne pleuve pas sur l’enceinte du Temple, mais l’Eternel voulait nous montrer que la pluie, certes essentielle à l’homme pour assurer sa subsistance, ne doit pas éteindre le feu, c’est-à-dire que la préoccupation de nos besoins matériels ne doit pas affecter l’Etude de la Torah, laquelle est comparée au feu. La michna Avot poursuit : « le vent n’a jamais eu raison de la colonne de fumée de l’autel », allusion au vent d’impureté qui ne pourra faire dévier l’homme qui se donne à l’Etude avec assiduité.accomplir la volonté de D… et entrer dans le feu comme s’il n’y en avait pas.