« Des hommes qui se trouvaient souillés par des cadavres humains, et qui ne purent faire le sacrifice de Pessah ce jour-là … se présentèrent devant Moché et devant Aharon ce même jour (…) mais pourquoi serions nous privés d’offrir le sacrifice du Seigneur en son temps, seuls entre les enfants d’Israël ? Moché leur répondit : Attendez que j’apprenne comment l’Eternel statuera à votre égard. » (Bamidbar IX, 6-8)
Le rav Chmouel Aharon Youdélévitch, zatsal, auteur du Méil Chmouël, s’interroge sur le sens de la demande de ces hommes ayant été au contact d’un cadavre. La Torah est pourtant claire, tout homme en état d’impureté ne peut faire le sacrifice de Pessa’h. Auraient-ils réclamé un traitement de faveur contraire à la loi ?
La Guémara (Souka 25a) rapporte une discussion entre Rabbi Akiva et Rabbi Yossi Hagalili, à savoir si ces hommes étaient ceux qui ont porté les « ossements » de Yossef ou bien ceux (Michaël et Eltsafan) qui ont porté les corps de Nadav et Aviou. Mais pourquoi s’enquérir de leur identité, et de la source de leur impureté ?
Le rav répond que cette discussion apporte réponse à la première question. Ces hommes se trouvaient « empêchés » pour s’être occupés d’une mitsva importante et désiraient fortement accomplir cette mitsva aussi très importante du Korban Pessa’h.
Pour Rabbi Yossi, ces hommes étaient ceux qui avaient porté le cercueil de Yossef. Lui, qui avait gouverné l’Egypte pendant quatre vingt ans, comblé de richesses, n’a emporté … que sa Torah et ses bonnes actions. Son corps inerte est cependant resté intact, parce qu’il n’a pas été jaloux de ses frères et ne leur a pas gardé rancune : comme dit le verset : « La décomposition du corps provient de la jalousie » (Michlé XIV, 30). La mer rouge s’est ouverte devant son cercueil, parce qu’il n’a pas fauté avec la femme de Potifar (Midrach Téhilim 114). Cette proximité avec Yossef pendant de longs mois les avait imprégnés de sa grandeur et bien que dispensés du Korban Pessa’h, ils souhaitaient vivement accomplir toutes les mitsvot.
Pour Rabbi Akiva, c’était Michaël et Eltsafan, les proches, qui s’étaient occupés d’enterrer leurs cousins, Nadav et Aviou. Ils les avaient côtoyés de leur vivant, savaient combien Nadav et Aviou aspiraient à accomplir les mitsvot : c’est « en s’avançant devant l’Eternel (qu’ils) avaient péri » (Vayikra XVI, 1). Michaël et Eltsafan auraient pu se satisfaire de leur « dispense », mais eux aussi désiraient le sacrifice de Pessah, et c’est une solution qu’ils sont venus trouver chez Moché.
L’Eternel accéda à leur demande et leur octroya Pessah Chéni, le sacrifice de Pessah un mois plus tard. Nous apprenons ici combien est important l’aspiration aux Mitsvot.
Nous retrouvons un comportement analogue chez Aharon, lorsque les chefs de tribus ont offert des sacrifices à l’inauguration du Michkan. Aharon était attristé, affligé de ne pas y avoir participé. L’Eternel lui dit alors : « Quand tu disposeras les lumières c’est vis-à-vis de la face du candélabre que les sept lampes doivent projeter la lumière, Bamidbar VIII, 2). Ta mitsva sera plus grande que la leur car c’est toi qui allumeras ces lampes de la Ménora (Rachi). Que manquait-il à Aharon, Cohen Gadol, qui portait les huit habits, et entrait dans le Saint des saints, le jour de Kippour? Seule son aspiration à accomplir les Mitsvot, avait été frustrée de n’avoir pas participé aux sacrifices des chefs de tribu.
Chabbat Chalom Oumévorakh