« Ainsi furent terminés les cieux et la terre, avec tout ce qu’ils renferment. D… mit fin, le septième jour, à l’œuvre faite par lui ; et Il se reposa, le septième jour, de toute l’œuvre qu’Il avait faite. » (Béréchit II, 1-2).
L’affirmation est surprenante : « D… mit fin le septième jour » ? Si la création du monde s’est faite en six jours, rien n’a été créé le septième jour, il aurait fallu écrire mit fin le sixième jour.
C’est pourquoi Rachi rapporte le Midrach Rabba (10, 10) qui donne une première explication, celle de Rabbi Chimon : le Saint béni-soit-Il sait calculer, avec une précision absolue, Ses moments et Ses instants, et Il entre dans le Chabbat avec une rigoureuse ponctualité, mais nous donne, à nous, l’impression d’avoir terminé son œuvre en ce septième jour. Deuxième explication : Que manquait-il au monde ? Le repos ! Le Chabbat est arrivé, apportant avec lui le Repos, et c’est alors que l’œuvre de la Création s’est trouvée menée à bonne fin et, c’est alors seulement qu’elle sera considérée comme terminée, soit le septième jour.
Cependant, pour le Rav Chimchon Pinkous zatsal, une question demeure : le septième jour, « Bayom Hachévii », de Jour. La Torah aurait dû nous parler de la Nuit du septième jour « Béléïl Chévii », puisque c’est dans ces moments, que la création fut terminée, d’après les deux explications du Midrach.
Le Rav nous fait remarquer que pour toutes les autres fêtes, lorsque la Torah nous parle de « Bayom », du jour, c’est toujours pour exclure la nuit, comme pour le loulav ou le chofar, dont la mitsva se fait uniquement de jour. Mais pour Chabbat, on ne trouve pas une seule fois cette distinction. C’est donc qu’il n’y a pas, pour Chabbat, de différence entre le jour et la nuit, parce que le Chabbat symbolise un jour de lumière et cela dès son entrée !
Les notions de jour et de nuit, dans ce contexte, sont à comprendre sous une autre forme, celle de la présence ou de l’absence de cette lumière, lumière spirituelle. C’est que l’obscurité, qui nous empêche de voir l’Eternel dans Son monde, n’existe pas le septième jour ! Chaque fête a sa propre particularité : la Torah, c’est à la fête de Chavouot qu’on la trouvera ; à Pessah, on trouvera la Liberté et à Soukot, la Joie. Le Chabbat est le jour où l’on peut trouver D… Soi-même, c’est le jour où Il n’est pas caché par l’obscurité de ce monde.
Le Rav Pinkous poursuit en rappelant qu’à l’époque du Beth Hamikdach, la Chékhina (la Présence divine) était forte sur terre, « parmi les hommes », de façon constante. A l’intérieur du Temple, le candélabre était allumé, avec un Ner Tamid, lumière perpétuelle, du pain était disposé sur le Choul’hane (la table de proposition) qui restait chaud d’une semaine à l’autre, comme pour montrer que le Temple était habité et que l’on y était attendu. On avait alors la perception de la Présence de D…, et le sentiment qu’Il se souciait de Son peuple et qu’Il l’aimait, ce qui, en retour, nous portait à L’aimer et à désirer Le servir. Mais depuis la destruction du Temple, seul le Chabbat, qui estompe l’obscurité spirituelle, peut nous rapprocher et nous permettre d’accéder à une certaine proximité avec notre Créateur.
Mais dans le livre de l’Exode (Chémot XXXI, 17), le verset dit de façon explicite « qu’en six jours l’Eternel a fait les cieux et la terre et que le septième jour il a mis fin à l’œuvre et s’est reposé ». S’il manquait au monde le Repos, il aura été créé Chabbat, comment alors s’accorde le verset ? Le Rav Chlomo Harkavi zatsal de Grodno explique que D… apporta à ce monde le repos du monde futur, repos déjà créé. C’est pourquoi le Chabbat est « meyen olam haba », un aperçu du monde futur. Le repos du Chabbat n’est pas une création de ce monde ci, mais un avant-goût, importé du monde futur dans ce bas monde. On comprendra mieux à présent que le jour du Chabbat puisse être le jour de proximité avec D… et le seul jour de la semaine où on pourra Le trouver … pour qui Le cherche.