« Or le séjour des enfants d’Israël, depuis qu’ils s’établirent en Egypte, avait été de quatre cent trente ans. Et ce fut au bout de quatre cent trente ans précisément le même jour, que toutes les milices de l’Eternel sortirent du pays d’Egypte » (Chémot XII, 40-41). 27
Rachi fait remarquer que sont inclus les séjours d’Abraham et d’Yitshak, en tant « qu’étrangers dans les pays qui n’étaient pas les leurs » et qu’il n’est pas possible de dire que ces quatre cent trente ans désignent en totalité « le seul séjour en Egypte ». L’annonce, faite à Abraham, lors de l’alliance entre les morceaux (le Brith ben habétarim) « Sache-le-bien ta postérité séjournera sur une terre étrangère, où elle sera asservie et opprimée… », précise, quant à elle, une durée de «… quatre cents ans » (Beréchit XV, 13). C’est que l’exil est ici compté à partir de la « postérité » d’Abraham, soit trente ans plus tard, à la naissance d’Yitshak.
Une fois le moment venu de libérer les enfants d’Israël, le Saint béni soit-Il ne les retiendra pas, pas même le temps d’un clin d’œil. «C’était la nuit prédestinée par l’Eternel… » (Chémot XII, 42). C’est un quinze Nissan que l’exil a été décrété, un quinze Nissan qu’Abraham a reçu la visite des anges, un quinze Nissan qu’est né Yitshak (Rachi XII, 41) et le quinze Nissan sera la sortie d’Egypte.
Par la suite, l’exil de Babylone sera de soixante-dix ans, lui aussi prévu et mentionné dans les versets ; par contre la durée du dernier exil, le nôtre, n’est pas dévoilée. Parce que nous pouvons à tout moment mériter la libération comme il est dit : « aujourd’hui même, si seulement vous écoutiez Sa voix! »(Téhilim 95,7). Néanmoins, un terme a été fixé à notre exil qui ne sera pas dépassé, comme il est dit : la délivrance, « elle se hâte vers son terme, et elle ne mentira pas… car certes elle se réalisera sans trop tarder » (Habakouk II, 3).
Le Rav de Brisk, Rav Ytshak Zéév Soloveitchik zatsal, explique que bien que l’exil d’Egypte était prévu pour quatre cents ans, un terme avait été aussi promis à Abraham, « ce jour-là Je libérerai tes enfants ». Ce terme avait été fixé dès le départ, le jour J de l’alliance entre les morceaux, et indépendamment de la durée de l’exil. « Dans quatre cent trente ans, ce jour-là, tes enfants seront libérés. »
Le décret était donc composé de deux parties. « Ta postérité séjournera sur une terre étrangère » mais aussi « elle sera asservie et opprimée », et toutes deux « durant quatre cents ans ». L’esclavage en Egypte démarrera tardivement, et il ne sera que de deux cent dix ans. Ces quatre cents années de servitude et d’oppression qui commencent à la naissance d’Yitshak, furent concentrées par la dureté de l’esclavage en Egypte, et réduites à deux cent dix ans.
Aussi lisons-nous, dans la Hagada le soir de Pessah : «Loué Soit Celui qui a tenu Sa promesse faite à Abraham, car le Saint béni soit-Il a compté les années pour accomplir exactement ce qu’Il avait promis lors de l’alliance entre les morceaux… ». D… fit en sorte que la fin des quatre cents années d’exil se termine le jour même de la fin des années de servitude et que ce jour coïncide avec le jour promis pour la Guéoula, pour que « ce jour-là, tes enfants soient libérés, et (…) ils sortiront avec une grande richesse ».
Le compte des quatre cent trente ans s’explique donc par rapport au jour J de l’alliance qui est aussi celui prévu pour la délivrance.