Parachat VAERA

Le Midrach Raba (Chémot Raba 9,10) rapporte que pendant « la plaie du sang » les enfants d’Israël se sont enrichis ! C’est que les eaux du Nil n’ont pas été les seules à être transformées en sang, mais également l’eau des puits, les jus de fruits, tout liquide qu’un égyptien aurait souhaité boire. Seuls les enfants d’Israël avaient de l’eau pure, et quand l’égyptien remplissait sa carafe avec l’eau d’un hébreu, il ne trouvait que du sang dans son verre. S’il désirait en boire, en même temps que lui et du même récipient, l’eau se changeait aussitôt en sang pour l’égyptien. Ce n’est que l’eau achetée, aux hébreux, qui ne se transformait pas.

Mais pourquoi donc les enfants d’Israël ont-ils vendu leur eau ? N’auraient-ils pas mieux fait de laisser mourir de soif les égyptiens pour pouvoir ainsi sortir plus rapidement d’Egypte ? Le Rav Chalom Chvadron zatsal répond qu’ils ont certainement été forcés de vendre. Pourtant d’après le Midrach Tanhouma les enfants d’Israël ont exigé un prix fort et se sont ainsi enrichis. Ce prix de l’eau ne pouvait-il pas être contrôlé et fixé par les égyptiens?

A l’époque d’Alexandre de Macédoine, nous raconte la Guémara (Sanhédrin 91) les égyptiens sont venus, devant lui, réclamer l’or et l’argent pris par les enfants d’Israël à leur sortie d’Egypte. N’est-il pas dit dans le verset : « et D… avait inspiré pour ce peuple de la bienveillance aux yeux des égyptiens qui lui prêtèrent, de sorte qu’il dépouilla l’Egypte » (Chémot XII,36).

S’agissant d’un prêt ils exigeaient son remboursement. C’est Guéviha ben Péssissa qui leur répondit : « Le séjour des Israélites … avait été de quatre cent trente ans » (Ch. XII, 40), donnez-nous d’abord le salaire des six cent mille hommes que vous avez asservis tout ce temps. Ne sachant quoi répondre, après trois jours de réflexion et de recherche, ils prirent la fuite.

Le Rav Chvadron zatsal souligne que les égyptiens ne réclamaient que les richesses emportées à la sortie d’Egypte, et non pas l’argent payé au moment de la plaie du sang, bien que les hébreux aient profité de leur situation de détresse. C’est que les égyptiens ont été frappés « Mida kénéguéd Mida », mesure pour mesure, du sang pour le sang juif versé. Ils ont fait souffrir le peuple d’Israël, ils subiront des souffrances au cours de chaque plaie. De plus dès la première plaie les égyptiens doivent aussi payer et dédommager les hébreux de ce qu’ils leur ont fait subir. Mais le prix fut fixé en fonction de la conduite antérieure de chaque égyptien, variable selon la cruauté de ses agissements.

Le Saint béni soit-Il fit en sorte que l’égyptien ne puisse acheter de l’eau que chez l’hébreu qu’il avait maltraité. Le prix à payer se fixait de lui-même, car l’eau ne retrouvait son apparence qu’à partir d’une certaine somme, différente pour chacun. L’égyptien suppliait l’hébreu d’accepter son argent afin de pouvoir apaiser sa soif et celle de sa famille. C’est dans ces conditions que les enfants d’Israël s’enrichirent. Comment alors les égyptiens pouvaient-ils plus tard, devant Alexandre, venir réclamer cette somme qu’ils avaient eux-mêmes obligé les enfants d’Israël à accepter ?

SHABBAT SHALOM OUMEVORAKH