L’Eternel ordonna à Moché de convoquer, « au huitième jour (de l’inauguration du tabernacle) … Aharon et ses fils, ainsi que les Anciens d’Israël » et de demander « à Aharon de prendre un veau adulte pour sacrifice expiatoire et un bélier pour holocauste (le sacrifice de ‘Ola)… Quant aux enfants d’Israël … un bouc pour expiatoire, un veau et un agneau âgés de un an, sans défaut, pour holocauste » (Lévitique IX, 1à3).
Le verset ne précise pas, toutefois, pour quelle raison les Anciens d’Israël furent appelés puisque Moché s’adressa directement au peuple. De plus la Torah ne nous dit pas pour quelle faute le bouc des enfants d’Israël était-il amené comme sacrifice.
Le Midrach répond à cette dernière question. Moché a dit au peuple : « Vous avez une faute première et une faute dernière : en premier, lors de la vente de Yossef, par ses frères, vous avez égorgé un bouc et trempé dans son sang, la tunique de Yossef, pour faire croire qu’une bête sauvage l’avait dévoré ; en dernier, vous avez fait le veau d’or ! »
Ce Midrach reste, cependant, difficile à comprendre, souligne le Rav Réouven Karlenchtein zatsal, car la faute des frères de Yossef n’était certainement pas le fait d’avoir égorgé le bouc mais plutôt celui d’avoir vendu leur frère. De plus, cela n’explique pas pourquoi Aharon n’apporte qu’un veau en sacrifice expiatoire, ce qui voudrait dire qu’il n’est concerné que par la faute du veau d’or et non pas par celle de la vente de Yossef. Son ancêtre Levi avait pourtant, lui aussi, participé à cette vente, particulièrement actif avec son frère Chimon, pour nuire à Yossef.
Mais que peut-on reprocher, au fond, aux enfants d’Israël pour cette faute du veau d’or ? Le Rav répond qu’ils pensaient que Moché ne pouvait vivre quarante jours sans nourriture. Le Satan les avait, de plus, trompés avec une vision de Moché, allongé mort sur un lit. Ils n’étaient pas franchement à la recherche de l’idolâtrie mais d’une forme matérielle afin de ramener la Présence divine sur terre. Le taureau n’est-il pas un des quatre piliers du trône céleste ?
Leur faute est en vérité d’avoir agi seuls ! Ils auraient dû, au préalable, consulter les Sages, ces Anciens d’Israël. Moché avant de monter au mont Sinaï leur avait d’ailleurs dit : « et voici Aharon et Hour sont avec vous, celui qui aura une affaire devra s’adresser à eux » (Chémot XXIV, 14). Non seulement ils ne leur demandèrent pas conseil, mais pire encore, ils tuèrent Hour qui s’opposait à eux. Le veau d’or en fut le résultat, la conséquence tragique.
Et c’est ce qui rappela la faute de la vente de Yossef. Là aussi, quand bien même les frères de Yossef pensaient-ils qu’il méritait la peine capitale pour les fautes qu’ils lui attribuaient, ils siégèrent en tribunal pour le condamner, alors qu’ils auraient dû, préalablement, consulter leur père Yaakov ou leur grand-père Yitshak, voire le tribunal de Ever. Qu’ils aient égorgé le bouc pour faire croire à leur explication quant à l’absence de Yossef montre bien leur hésitation à assumer leur décision devant les Anciens.
C’est pourquoi au moment de l’inauguration du Michkan, les enfants d’israël ont apporté un veau pour réparer la faute du veau d’or et un bouc pour celle de la vente de Yossef et ce pour le même manquement, celui de ne pas avoir pris conseil auprès des Anciens. Quant à Aharon il n’apporte pas de bouc mais seulement un veau, pour réparer la faute du veau d’or, parce qu’il y avait participé. Mais on ne peut lui reprocher de ne pas avoir pris conseil. C’est lui-même qui en était le référent et après l’assassinat de Hour, il a essayé de retarder les instigateurs. Ce qui ne réveillera pas pour lui la faute de la vente de Yossef. Enfin les Anciens pourquoi ont-ils été appelés et n’apportent-ils aucun sacrifice ? Parce qu’ils sont le cœur du problème. C’est leur présence qui est réclamée pour rappeler que leur participation est essentielle dans toutes les concertations.
Chabbat Chalom Oumévorakh