« Tu établiras des juges et des préposés dans toutes les portes que l’Eternel ton D… te donne, pour tes tribus, et ils jugeront le peuple selon la justice … c’est la justice seule que tu dois rechercher, afin que tu vives et que tu prennes possession du pays que l’Eternel, ton D… te destine » (Dévarim XVI, 18-20). Rachi rapporte le Sifri qui explique que le mérite de nommer des juges est suffisant, à lui seul, pour maintenir le peuple en vie et l’installer sur sa terre.
Au début de la paracha de Ekev, à propos du verset « pour prix de votre obéissance à ces lois et de votre fidélité à les accomplir, l’Eternel, sera fidèle aussi au pacte de bienveillance qu’il a juré à vos pères » (Id.VII, 12), le Ramban écrit qu’il s’agit des lois de justice, qui ont le pouvoir de faire que l’alliance de bienveillance se réalise.
La Torah insiste maintes fois sur l’importance des « Michpatim », ces lois de justice, à travers lesquelles, explique Rabénou Yona (Avot ch. 1, 1) nous avons la possibilité de percevoir l’Eternel, comme il est dit : « que celui qui se glorifie, se glorifie uniquement de ceci : d’être assez intelligent pour Me comprendre et savoir que Je suis l’Eternel, exerçant la bonté, le droit et la justice, sur la terre, que ce sont ces choses-là auxquelles Je prends plaisir dit l’Eternel » (Yermiya IX, 23). Et plus loin (Id. XXII, 15–16) : « Ton père … faisait droit au pauvre, au malheureux, voilà certes ce qui s’appelle Me connaître dit l’Eternel ».
Au désert, Moché « a établi des chefs sur le peuple, chiliarques, centurions, cinquanteniers et décurions » (Id. XVIII, 25), gages d’une justice rapide et efficiente ! L’Eternel « n’a fait cela pour aucun des autres peuples, aussi Ses lois leur demeurent-elles inconnues » (Téhilim CXLVII, 20).
Les lois de justice, poursuit Rabénou Yona, sont les racines mêmes de la Torah. Le Midrach souligne qu’avant les dix commandements : « ils jugeaient le peuple en permanence » (Chémot XVIII, 26). C’est dire l’importance qu’on leur accorde. Par la suite, il sera précisé : « et voici les statuts que tu leur exposeras » (Id.XXI, 1). La Torah, telle une princesse, est précédée et suivie d’une escorte armée.
Le trône de Chlomo Hamélékh était un lieu de justice et les soixante-dix sages du Sanhedrin siégeaient derrière lui : « car c’est là que sont établis les sièges de la Justice, les sièges pour la famille de David » (Téhilm CXXII, 5). Le Midrach Rabba rapporte qu’il y avait six marches qui menaient au trône du roi Salomon ; dès qu’il gravissait la première, un préposé proclamait ce verset de notre paracha : « Tu ne détourneras pas le droit », puis à la deuxième marche, il citait la suite du verset : « Ne favorise pas l’une des parties », et à la troisième « Tu n’accepteras point de présent corrupteur » (Dévarim XVI, 18).
La royauté et la justice sont liées. Lorsque Yaakov partagea son héritage entre ses enfants, il donna la royauté à Yéhouda. Parce qu’au moment où Tamar faillit être mise à mort, il avait reconnu : « elle est plus juste que moi » (XXXVII, 33). Yaakov a vu en son fils les capacités de roi et de juge, spécifiquement dans le fait que Yéhouda ait reconnu son erreur, parce que la justice exige de l’homme l’aveu de vérité. « Yéhouda, tes frères te loueront, de la proie mon fils tu t’éloignes » (Béréchit IL, 8).
C’est pour cela, explique le rav Yérou’ham de Mir, que celui qui reconnait ses fautes est dispensé de toute amende. La Guémara (Baba Kama ) l’apprend du verset « car seul celui que les juges auront condamné paiera le double à son prochain » (Chémot XXII,8). Et non pas, celui qui se condamne lui-même. C’est là toute l’importance du Vidouye : confesser ses fautes et y renoncer, reconnaître ses erreurs, et plaider coupable, c’est passer en justice, certes devant soi-même, mais cette justice rendue sur terre évitera qu’elle ne soit céleste et le dispensera de tout châtiment divin.
Chabbat Chalom Oumévorakh