PARACHAT EKEV

Dans notre paracha, Moché Rabbénou rappelle aux enfants d’Israël tous les bienfaits dont l’Eternel les a gratifiés. A propos de la Manne, le verset dit : « Oui, Il t’a fait souffrir et endurer la faim, puis Il t’a nourri avec cette Manne que tu ne connaissais pas et que n’avaient pas connue tes pères ; pour te prouver que l’homme ne vit pas seulement du pain, mais plutôt qu’il vit de tout ce que produit le verbe du Seigneur. »   (Dévarim VIII, 3)

Le Gaon de Vilna (dans Aderet Eliyahou) rapporte la michna (Avot, ch 5, 1) qui enseigne que le monde a été créé par dix paroles. La dixième parole, énoncée le sixième jour, fut : « Voici Je vous donne toute herbe portant de la semence, et qui est à la surface de toute la terre, et tout arbre portant des fruits qui deviendront arbres par le développement du germe, ils serviront à votre nourriture. Et aux animaux sauvages, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui se meut sur la terre et possède une âme vivante, J’assigne toute verdure végétale pour nourriture. Et il en fut ainsi. » (Beréchit I, 29-30)

          De ces versets nous apprenons qu’en réalité, ce ne sont pas les produits de la terre qui rassasient l’homme, mais le fait de cet ordre de D… qui a destiné les fruits et les herbes à servir de nourriture. Bien que ces produits de la terre fussent créés avant le sixième jour, ils n’avaient toutefois pas en eux cette capacité de nourrir et de rassasier. Ce n’est qu’après la création de l’homme, et suite à cette parole de D… que la chose fut possible. C’est là le sens de notre verset qui affirme que l’homme « vit de tout ce que produit le verbe du Seigneur», car autrement les herbes et les fruits n’auraient pas eu cette faculté nutritive.

Pourquoi alors ces épreuves particulières : « Il t’a fait souffrir et endurer la faim, puis Il t’a nourri avec cette Manne (…) pour te prouver que l’homme ne vit pas seulement du pain. » Pourquoi fallait-il que le peuple soit d’abord affamé avant que la manne ne lui fût accordée ?  Les caractères mêmes de sa distribution, quotidienne, en quantité précise pour chaque famille, et à une distance différente pour chacun selon son mérite, une double part le vendredi en vue du Chabbat, toutes les particularités de cette nourriture qui tombait du ciel ne suffisaient-elles pas pour leur faire comprendre combien est indispensable l’intervention divine ? Pourquoi fallait-il qu’ils souffrent et endurent la faim ? Le rav Aharon Kotler, zatsal, explique qu’il leur fallait pour cela ressentir dans leur chair afin que tous les sens de l’homme participent à cette compréhension.

Pour d’autres commentateurs, il importait que les enfants d’Israël soient reconnaissants envers Hachem qui leur a donné de la manne et de l’eau. Quiconque se trouverait assoiffé en plein désert sera davantage reconnaissant pour un simple verre d’eau.

Chabbat Chalom Oumévorakh