L’Éternel dit à Moché : « Parle aux prêtres, fils d’Aaron, et dis-leur : Nul ne doit se souiller par le cadavre d’un de ses concitoyens » (Vayikra XXI, 1). C’est ici l’interdiction pour un Cohen de se rendre impur par le contact d’un mort qu’il l’ait touché ou qu’il se soit trouvé sous le même toit que lui.
Le Midrach (Rabba 26, 6) rapporte à propos de ce verset un autre verset dans Téhilim (XIX, 10) « La crainte de D…est pure, elle subsiste à jamais ». Rabbi Levi enseigne : c’est parce que Aharon craignait l’Eternel qu’il mérita que cette paracha lui soit adressée, et cette loi restera pour lui et pour toute sa descendance à jamais. On ne comprend pas vraiment le lien que fait le midrach entre la crainte du Ciel et les lois d’impureté.
Le Ben Ich Haï rapporte l’explication des commentateurs qui disent que nous connaissons deux sortes de crainte : la crainte de la punition et celle « de la grandeur » de l’Eternel, Yireat Haromémout. La première est celle des hommes simples et des enfants (Rambam) qui ont peur de transgresser la parole de D… par crainte du châtiment. Tandis que la deuxième, d’un niveau bien plus élevé, arrive lorsque l’homme perçoit une partie de la grandeur de D…, et cela même s’il ne faute pas et même s’il n’est pas confronté à une quelconque transgression.
« La crainte de l’Eternel (quand elle) est pure : elle subsiste à jamais », c’est parce qu’elle n’est pas liée à un moment précis ni à une situation particulière. Elle est présente chez cet homme à chaque instant, voilà pourquoi elle ne s’arrêtera jamais.
On comprendra dès lors le lien avec Aharon Hacohen. Etant donné qu’il avait atteint ce niveau élevé de la Crainte (Yireat Haromémout), il reçut mesure pour mesure l’interdiction de se rendre impur au contact d’un cadavre, la sanctification du cohen n’étant pas limitée par le temps. C’est une mitsva constante, quand il servait au Beit Hamikdach et même après la destruction du Beth Hamikdach, elle subsiste à jamais.
Le Ben Ich ‘Haï rajoute que si Aharon a atteint la Crainte (Yireat Haromémout), il est certainement arrivé également à la Ahavat Haromémout, à savoir l’amour de D… dans la perception de la grandeur de l’Eternel. Comme nous dit le Zohar (I, 11 b) lorsque l’homme arrive au niveau de la romémout, ce n’est pas seulement la peur qui l’envahit, il est surtout fortement attiré par son amour vers le Créateur, un amour qui ne fera qu’augmenter.
En récompense pour cet amour qu’il avait de l’Eternel, Aharon reçut la mitsva de bénir les enfants d’Israël, avec amour. Mesure pour mesure, puisqu’elle est aussi une mitsva constante. Prescrite avec générosité, c’est la seule bénédiction de toute la Torah qui nous soit offerte gratuitement, sans aucune condition préalable.
Préalablement à l’accomplissement de cette mitsva, les Cohanim prononcent la bénédiction suivante : « … Qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné de bénir les enfants d’Israël avec amour ». Avec amour? Il n’est pourtant pas marqué dans la Thora qu’il faille accomplir cette mitsva avec un amour particulier, plus que pour toute autre mitsva. C’est une allusion à Aharon, à son amour de D…, et à son mérite qui valut à toute sa descendance d’avoir à accomplir cette merveilleuse mitsva.
Chabbat Chalom Oumévorakh