« Sarah mourut à Kiryat Arba qui est Hevron dans le pays de Kena’an…» (Beréchit XXIII, 2). Rachi fait remarquer que la mort de Sarah fait immédiatement suite à la Akédat Yitshak. Lorsqu’elle apprit que son fils avait été ligoté sur l’autel, prêt à être égorgé, elle en subit un grand choc et elle en meurt.
Sarah n’a pas pu surmonter l’épreuve de la Akéda, bien qu’étant spirituellement d’un niveau prophétique supérieur à celui d’Abraham ! Comment se fait-il ? Alors qu’Abraham a surmonté, lui, les grandes difficultés de cette épreuve. Il a dû attacher son fils et lever le couteau pour lui trancher la gorge, sans trembler ni faiblir.
Le Rav Haïm Chmoulévitz zatsal de Mir explique qu’Abraham, lui, a reçu progressivement l’ordre de sacrifier son fils, comme le rapporte Rachi à propos du verset : « prends ton fils, ton fils unique, celui que tu aimes, Yitshak… » (idem XXII, 2). « Ton fils » Abraham répond « J’ai deux fils. –Ton fils unique. — Celui-ci est le fils unique de sa mère et celui-là aussi. — Celui que tu aimes. — J’aime les deux » et D… lui dit alors explicitement « Yitshak… » C’est de lui qu’il s’agit. Par ces quelques échanges, Abraham prend le temps de réaliser ce qui lui est demandé, et a pu se préparer petit à petit. Par contre Sarah reçoit l’information brutalement, et sous le choc elle en meurt.
On retrouve une réaction analogue lors de l’enterrement de Yaakov. La Guémara (Sotta 13) explique que Essav s’opposait à ce que l’on enterre Yaacov à cette place (proche de celles de son père Yitshak et de sa mère Rivka) prétextant qu’elle était sienne. Il l’avait pourtant vendue en même temps que son droit d’aînesse, lui firent remarquer les fils de Yaacov. « En avez-vous la preuve ? » il en exigeait l’acte de vente, lequel se trouvait en Egypte. On envoya donc Naftali, « la gazelle » le chercher. Entre temps ’Houchim, le fils de Dan qui était sourd, et qui n’avait pas suivi la discussion demanda pourquoi le corps de son grand père était ainsi retenu d’être enterré. Apprenant l’opposition malveillante de Essav, il se leva immédiatement, saisit un bâton et le tua, en le frappant fortement à la tête, faisant rouler à terre les yeux de Essav. La réaction de ’Houchim a été violente, alors que celles des fils d’Israël s’étaient trouvées atténuée du fait des discussions.
C’est pour cela aussi explique le Yaavetz que « celui qui sera venu par la porte du nord pour se prosterner (au Beth Hamikdach) devra sortir par la porte du sud, tandis que celui qui sera entré par la porte du sud sortira par la porte du nord » (Yéhézkel XLVI, 9). Le fait de changer de porte et de ne pas emprunter le même chemin à l’entrée et à la sortie permettait de maintenir et de conserver intacts l’éveil et l’empreinte de sainteté que provoquait la vue du Beth Hamikdach !
Il convient, conclut le Rav Chmoulévitz, d’éviter l’accoutumance et la routine dans nos comportements et de nous efforcer de rester vigilants et prompts au service de notre Créateur. Il faudra, par contre, ménager certaines annonces à notre prochain lorsqu’elles sont de nature à provoquer de vives réactions.