Le « ben sorer oumoré (le fils dévoyé et rebelle) » dont parle notre paracha est âgé de treize ans à treize ans et trois mois ; il « n’écoute pas la voix de son père, ni celle de sa mère, et malgré leurs remontrances, il persiste à leur désobéir … (de plus) c’est un viveur et un buveur ». Il a déjà reçu des coups de fouet pour sa mauvaise conduite, mais comme il la maintient, il finira lapidé par tous les habitants de sa ville. (Dévarim XXI, 18-20).
Toutefois, les conditions requises pour sa condamnation sont tellement complexes, que la Guémara (Sanhedrin 71a) témoigne qu’il n’y en a jamais eu et qu’il n’y en aura jamais. Tous ces versets ne sont écrits que pour les étudier et en recevoir la récompense ; mais déjà l’enseignement qu’on en tire est en soi un bénéfice.
Rachi précise que cet enfant rebelle est jugé à titre préventif, en fonction de son devenir. Comme il finira par voler et par tuer, la Torah nous dit : « Qu’il meure innocent plutôt que coupable ! »
Le Ramban explique que cet enfant a deux travers : il se rebelle contre ses parents, et de plus, il est glouton et ivrogne. Il transgresse en cela le commandement : « Soyez saints ! » (Vayikra XIX, 2) et aussi le verset : « A Lui votre culte, et à Lui votre attachement ! » (Dévarim XIII, 5) qui rappelle notre obligation de reconnaitre l’Eternel en toutes nos actions.
Mais peut-on vraiment reprocher à un enfant de cet âge de ne pas avoir atteint tel niveau du service divin ? Le Ramban, lui-même, explique que Soyez saints est un devoir de sanctification personnelle, un acte d’ascèse, qui demande à l’homme de s’éloigner, volontairement, de ce qui est, en fait, permis par la Torah. Du deuxième verset susmentionné, le Ramban poursuit qu’il convient à l’homme d’être comme l’esclave. Soumis à son maitre, ses besoins personnels passent au second plan. Etant la propriété de son maitre, il est à Lui, à ses côtés pour le servir de jour comme de nuit.
Le rav Yéhézkel Lévinchtein zatsal expliquait que la Torah nous enseigne ici que bien que l’homme ne soit pas toujours au niveau spirituel souhaité, il se doit tout de même d’œuvrer dans ce sens. Ses parents seront là pour le guider, et pour l’aider à surmonter les différents écueils de la vie. Encore faut-il qu’il ne tourne pas le dos à la bonne direction.
« Glouton et ivrogne », ce fils débauché se complait dans son comportement frondeur. Il s’est fermé toute possibilité de retour, imperméable au verset : « Reviens Israël jusqu’à l’Eternel ton D…, car tu n’es tombé que par ton péché » (Hochéa XIV, 2). Nos Sages (Yoma 86b) rappellent que « grande est la Téchouva qui permet d’atteindre jusqu’au trône céleste ». Le Zohar (Vayikra 29b) dit que les âmes des enfants d’Israël proviennent et forment le Trône céleste. Par sa téchouva et par ses bonnes actions, l’homme qui « revient » pourra construire sa part du Kissé Hakavod. Mais cet enfant récalcitrant s’en est exclu.
Le sabba de Novardok disait que le secret de la Téchouva et de sa réussite dépend de la détermination de l’homme à se parfaire et de son ambition à accéder aux niveaux les plus hauts, « jusqu’à l’Eternel ton D… ». Grâce à cette volonté indéfectible, il pourra se défaire de ses mauvaises habitudes et choisir le chemin qui le mènera vers Hachem.
Chabbat Chalom Oumévorakh