« Et voici les statuts que tu placeras devant eux. Si tu achètes un esclave hébreu, il restera six années esclave… » (Chémot XXI, 1-2).
Cette paracha, qui est si riche en ordonnances et en lois se rapportant aux dommages et aux litiges que génère la vie sociale, commence curieusement par les lois concernant l’esclave hébreu. Faisant suite immédiate au don de la Torah, on s’attendrait à ce que le texte poursuive, par le détail, des mitsvots de notre pratique quotidienne, comme par exemple celles des Téphilines, des Tsitsit, ou de la lecture du Chéma. Pourquoi commencer par des règles si peu fréquentes de la vie communautaire ?
Le Saba de Kélém, rav Sim’ha Zissel Ziv, zatsal, répond en rapportant le Rachi sur le dernier verset de la paracha précédente : « Tu ne monteras pas sur mon autel à l’aide de marches, afin que ta nudité ne s’y découvre point. » (Id. XX, 23) ; Rachi,qui explique par un raisonnement a fortiori : « Si pour des pierres, objets inanimés insensibles à toute humiliation, la Torah nous recommande de ne pas leur faire honte, à plus forte raison pour notre prochain, créé à l’image de D…, nous faut-il être attentif au respect qu’on lui doit. »
On pourrait cependant objecter que ce Kavod que la Torah donne aux pierres est simplement lié au fait qu’elles servent au Temple et qu’elles ont donc un statut de Kéli kodech, qui leur confère une certaine sainteté, ce qui n’est pas le cas de notre prochain, quand bien même aurait-il des ressentiments. Le Rav répond que la Torah nous apprend ici que tout homme est kodéch kodachim, un « sujet saint », comme « le saint des saint » du Temple, parce qu’il est lui aussi au service de son Créateur.
Aussi le texte commence-t-il par souligner nos responsabilités individuelles et collectives, pour nous mener à conclure que l’homme qui veut servir D…, doit tout d’abord se connaître, s’apprécier, prendre conscience de sa sainteté et de l’importance du rôle que D… lui a réservé. Il évitera ainsi de s’avilir, et ne risquera pas de voler pour se retrouver vendu comme esclave, n’ayant pas d’argent pour rembourser.
Ce sont aussi les paroles de Rabbénou Yona, qui écrit au début de son livre, le Séfer Haavoda : « la première porte est que l’homme doit connaître ses capacités, sa grandeur et celle de ses ancêtres, et se rappeler combien ils étaient appréciés et chéris aux yeux de D… . Alors il se dira : comment un homme aussi grand que moi peut-il commettre une si mauvaise chose, comment pourrais-je fauter et contrarier mon Créateur ?
Chabbat Chalom Oumévorakh