Parachat Noa’h

Le jour de Roch Hodech, nous intercalons dans la prière le passage de « Yaalé véyavo ». Nous demandons que soient rappelés notre souvenir, le souvenir de nos ancêtres, le souvenir de Jérusalem et celui du Machia’h. A Roch Hachana aussi, dans la prière du Moussaf nous lisons les « zikhronot » (les souvenirs) et nous implorons l’Eternel : « Souviens Toi de nous en bien, souviens Toi de l’amour de nos patriarches et de l’alliance que Tu as scellé avec eux ». Mais que peut bien signifier ce terme de souvenir présenté devant  D…, comme si un rappel à la mémoire Lui était nécessaire. Il n’y a pas d’oubli devant l’Eternel. Se souvenir du peuple d’Israël? Qu’est-ce que cela pourrait bien vouloir dire ?

C’est dans notre Paracha qu’apparaît pour la première fois cette notion, comme il est dit : « Alors D… se souvint (vayizkor) de Noa’h et de tous les animaux sauvages et domestiques qui étaient avec lui dans l’arche. D… fit passer un souffle sur la terre et les eaux se calmèrent » (Beréchit VIII, 1). Rachi explique que c’est le nom de Elokim qui désigne D… dans ce verset, Son Nom lorsqu’Il exerce la Justice stricte. Mais celle-ci peut être transformée en miséricorde par la prière des justes. C’est donc la prière de Noa’h qui va induire ce changement d’attitude de D… vis-à-vis de Son monde. Elle va renverser la justice inexorable, à l’origine du déluge, et susciter Sa mansuétude. Le « souffle qui passe sur la terre » et qui calme les eaux est un souffle de consolation et d’apaisement.

Le souvenir chez l’Eternel, explique le Rav Haïm Fridlander zatsal, n’est pas le rappel d’une action ou d’un mérite qui aurait été oublié parce que cela signifierait qu’il y ait un changement en Lui. L’Eternel n’a pas changé, ne change pas. L’homme, lui, oublie, puis se rappelle et modifie sa conduite en fonction. Mais D… ? D… est toujours le même. Cependant la Torah utilise le langage usuel, celui que l’homme peut comprendre. C’est qu’en fait D… a mis à l’abri de Sa justice rigoureuse, Noa’h, sa famille et les animaux qu’Il a décidé de préserver. Il laisse s’exercer pendant cinq mois Sa justice impitoyable. Quand la Hanhaga, la Providence divine « se souvient » (vayizkor), c’est en fait qu’Elle décide d’intervenir en faveur de ceux qui se croyaient délaissés et D… manifeste alors Sa clémence.

            Noa’h et sa famille ont été « sauvés » par la prière et par leur mérite, celui de s’être occupés à nourrir les animaux nuit et jour. Le mérite des animaux pour Rachi est d’être restés chastes dans l’arche. Mais pour le Ramban les animaux n’ont ni mérite ni péché, ni récompense, ni punition. Le « souvenir » pour eux est celui de la parole de D… dans Sa volonté créatrice. D… les sort de l’arche afin qu’ils survivent et perpétuent leur espèce. En ce jour Il décide de maintenir le monde qu’Il a créé dans Sa bonté et Sa miséricorde.

            Pour la sortie d’Egypte aussi, il est dit (Chemot II, 24) «  D… se souvint (vayizkor) de l’alliance avec Abraham, avec Yitshak, avec Yaakov ». Comme nous l’avons expliqué, ce n’est pas que D… ait oublié Son alliance mais Il a répondu, au nom de cette alliance, aux supplications de leurs enfants. La Providence s’exerce de façon différente selon la sollicitation qui lui est faite. Lorsque l’homme cherche son Créateur, fait appel à sa bienveillance, il appelle sur lui en retour la protection divine et sa clémence.

Chabbat Chalom Oumévorakh