« Pinhas c’est (aussi) Eliyahou (le prophète) » (Baba Metsia 114b, Zohar tome 2 page 190a). En dehors des liens qui relient leurs âmes, il existe des similitudes dans leur conduite. La plus marquante est la Kina, dans les deux sens du mot : jalousie ou vengeance, qui en fait des zélateurs pour l’Eternel. Comme il est dit à propos de Pinhas : « il a détourné mon courroux de sur les enfants d’Israël, en jalousant ma jalousie au milieu d’eux… » (Bamidbar XXV, 11) et à propos de Eliyahou : « j’ai fait éclater ma jalousie pour Toi… » (Mélakhim 1, XIX, 10). L’un et l’autre sont animés d’un même élan de zèle pour l’Eternel face au comportement déviant des enfants d’Israël.
Pinhas a tué Zimri, ce chef de tribu qui s’était permis de pécher avec une fille de Midyan. Le Maharcha (Sanhedrin 82b) dit que Zimri n’était autre que le prince Chéloumiël fils de Tsourichadaï ; il avait donc près de deux cents cinquante ans ce jour là! A son âge cherchait-il vraiment, encore à fauter ? La guémara nous apprend que la tribu de Chimon s’était rassemblée chez Zimri (qui en était le prince) pour lui dirent : « nous sommes jugés et condamnés à mort et toi tu es assis ici sans rien dire ». C’est alors qu’il se leva et alla chercher Kozbi la princesse Midyanit. Les filles de Midyan poussaient les enfants d’Israël à l’idolâtrie du Baal Péor. Au moment de la faute elles sortaient une statue de Péor exigeant qu’ils se prosternent. Les enfants d’Israël refusant, elles demandaient alors « seulement » qu’ils se découvrent devant elle. Or telle était précisément le culte de cette idole que les enfants d’Israël pratiquèrent sans le savoir et pour lequel ils furent condamnés à mort.
Le Rav Yaacov Galinski nous explique que Zimri s’était dit pourquoi laisser les enfants d’Israël sortir du camp, pour aller fauter avec les femmes et se livrer à l’idolâtrie. Vaut mieux amener ces filles au camp et réduire à une seule, la faute des enfants d’Israël. C’est là qu’intervient Pinhas proclamant qu’on ne peut pas faire de compromission avec les commandements de D… quand bien même il s’agirait d’amoindrir une faute.
C’est une conduite analogue que nous retrouvons chez Eliyahou Hanavi lorsqu’il s’avance devant tout le peuple et s’écrie : « jusqu’à quand clocherez-vous entre les deux partis ? Si l’Eternel est le vrai D…, suivez-Le; si vous croyez que c’est Baal suivez-le » (Mélakhim 1, XVIII, 21). Eliyahou reproche au peuple de suivre à la fois les Mitsvot et l’idolâtrie du Baal, il leur demande de choisir sans compromis. C’est cette similitude que nos sages enseignent en disant Pinhas c’est Eliyahou.
C’est aussi ainsi que l’on peut expliquer la crainte de notre mère Rivka lorsque « les fils se heurtaient dans son sein, elle dit s’il en est ainsi pourquoi donc moi? » (Bérechit XXV, 22). Nos Sages expliquent lorsqu’elle passait devant une maison d’étude Yaakov frappait pour sortir et devant une maison d’idolâtrie c’est Essav qui désirait sortir. Rivka avait eu peur d’un enfant qui serait à la fois attiré par la maison d’étude et à la fois par l’idolâtrie et elle était prête à renoncer à cette grossesse. C’est alors que Chem lui répondit qu’elle avait en fait deux enfants en elle.