Dans la Paracha de cette semaine se trouvent les lois concernant la ville qui se serait livrée à l’idolâtrie. S’il est établi que la majorité de ses habitants sert des idoles, on devra, après avoir jugé et condamné les idolâtres, déclarer cette ville « i’r hanida’hat », ville pervertie. Son bétail sera passé « au fil de l’épée … toutes ses dépouilles réunies en place publique, (et on) brûlera au feu la ville avec toutes ses richesses … elle sera une ruine éternelle, elle ne sera jamais reconstruite» (Dévarim XIII, 16,17). Et ce : « afin que l’Eternel apaise Sa colère, qu’Il te prenne en pitié et te dédommage en te multipliant, comme Il l’a juré à tes pères » (id XIII, 18).
Le Or Ha’haïm explique que l’expression « qu’Il te prenne en pitié », (littéralement qu’Il te donne Sa miséricorde) peut être aussi interprétée : « qu’Il te donne de la compassion », en ce sens que l’Eternel promet de nous insuffler de la commisération afin que nous soyons miséricordieux envers les autres. Et pourquoi une telle promesse ? C’est parce que l’Eternel nous a ordonné de tuer, sans pitié, les idolâtres et tout le bétail de la ville, ce qui fera pénétrer obligatoirement une certaine cruauté dans nos coeurs. Les bourreaux du roi, de son époque, avaient raconté au Or Ha’haïm qu’ils avaient perdu toute mansuétude, qu’ils étaient devenus cruels et même qu’ils ressentaient un certain plaisir à exécuter un homme. C’est pourquoi la Torah nous assure ici que D… nous préservera de ces sentiments négatifs, qui viendraient nous envahir, en renouvelant en nous les sentiments de miséricorde qui auraient été estompés par la cruauté de nos comportements.
Cette idée que le comportement de l’homme influence son caractère, nous la retrouvons, cette fois de façon positive, dans le Livre du Hinoukh de Rabbi Aaron Halévi, qui relève combien sont nombreuses les Mitsvot qui rappellent la sortie d’Egypte (Mitsva 16, 40, 95, 99 etc…). Pourquoi autant ? s’étonne-t-il. C’est que le coeur de l’homme évolue en regard de ses actions. ( כי אחרי הפעולות נמשכים הלבבות ). Un Racha qui se conduirait en Tsadik, en étudiant et en pratiquant les mitsvots, agissant par intérêt (et non pas lechem chamaïm) deviendra progressivement Tsadik. A l’inverse le Tsadik (forcé par ordre du Roi) à mal agir finira par devenir Racha, son coeur s’étant imprégné de ses mauvaises actions. C’est pour cela que D… a voulu parfaire le peuple d’Israël en lui donnant beaucoup de commandements ((Makot 23b).
Rabbi Moché Haïm Luzzato dans son Méssilat Yécharim (ch 7) écrit que l’empressement dans l’accomplissement des Mitsvots (זריזות ) témoigne de la ferveur de cet homme à accomplir la volonté de D…, et précise aussi que cet empressement lui-même, suscitera dans son coeur, un attachement et un enthousiasme particuliers pour les accomplir.
David hamélékh s’exclame dans son Téhilim : « ainsi mon âme aspire à Toi, Ô D… » (ch. 42,2), « mon âme soupirait et languissait après les parvis du Seigneur » (84,3), « Tu es mon D… que je recherche avidement; mon âme a soif de Toi, mon être te désire passionnément … » (63,2). L’homme qui ne ressent rien dans son coeur pourrait-il, lui aussi, accéder à de tels niveaux? Le Méssilat Yécharim nous donne le conseil de stimuler notre vouloir dans nos comportements extérieurs de telle sorte que s’éveilleront nos sentiments intérieurs! Ceci éveillera en nous la joie, le désir et l’attrait de la sainteté.
Shabbat Shalom Oumevorakh