La paracha de cette semaine porte le nom de Toldot, car c’est par ces mots qu’elle commence. « Véélé Toldot Yits’hak : Ceci est la descendance (Toldot) d’Yits’hak fils d’Abraham, Abraham engendra Yits’hak » (Beréchit XXV, 19).
Il est aussi une autre paracha qui commence par ces mêmes mots : « Ceci est la descendance (Toldot) de Noa’h » ( Beréchit VI, 9). Cependant, celle-là est désignée par le nom de Noah. On peut légitimement se poser la question : pourquoi notre paracha n’est-elle pas, de même, appelée du nom d’Yits’hak ? Réponse, toute simple : parce que Noa’h est le sujet central de sa paracha, cité de très nombreuses fois, alors que la Torah, ici, ne parle presque pas d’Yits’hak lui-même.
A propos de Rivka, il est écrit : « Comme les enfants s’entre poussaient dans son sein, elle dit : Si cela est ainsi, à quoi suis-je destinée! Et elle alla consulter le Seigneur ». Rachi nous dit qu’elle se rendit à la Yéchiva de Chém et Eber. Pourquoi ne s’adresse-t-elle pas à son mari, à Yits’hak ? Où était-il ? Nos Sages nous disent qu’Yits’hak vivait, en quelque sorte en retrait, retiré du monde.
Abraham lui, était sans cesse, tourné vers les autres, recherchait leur contact. Pour exercer du ‘hessed, il était prêt à attendre d’éventuels invités, des heures sous le soleil, et même dans les douleurs des suites de sa circoncision. Yits’hak est différent ! Abraham symbolise le ‘Hessed la bonté, la générosité, alors qu’Yits’hak symbolise la Guévoura, la rigueur, la loi dans sa sévérité.
Le rav Chimchon Pinkous nous met en garde de ne pas nous méprendre, l’attitude de Yists’hak était bien particulière. Selon notre compréhension première de la guévoura, le guibor, le fort est celui qui réalise des exploits déployant sa puissance face aux autres. Bien au contraire la Guévoura de Yits’hak réside dans sa réserve et sa retenue, l’annulation de sa propre personne et de son vouloir dans le but de dévoiler au monde, en toute circonstance, que Le seul qui détient la force et le pouvoir est l’Eternel, béni soit-Il !
Dès lors on comprendra aisément, l’épisode des bénédictions, qu’au premier abord on aurait eu quelque mal à saisir. Comment Yits’hak a-t-il pu se tromper sur le compte de son fils Essav ? Les patriarches avaient cette faculté de voir, sans les yeux, comme le souligne le Rambam, dans son moré névoukhim !
Il est évident que Yits’hak connaissait exactement la nature de son fils, et cependant il désire le bénir ! Le rav Pinkous nous explique que justement, parce qu’Yits’hak pensait que les bénédictions devaient être attribuées à l’aîné, il s’était dit : « puisque D… avait fait naitre Essav en premier, c’est que Sa volonté est qu’on le bénisse lui ». C’est pourquoi, bien que connaissant les failles de Essav, il était malgré tout décidé à le bénir.
D… lui avait caché que Yaakov avait acheté le droit d’aînesse. Aussi, lorsqu’Yits’hak apprend que le droit d’aînesse a été cédé à Yaacov, bien que celui-ci ait « usé de ruse et enlevé la bénédiction » à son frère, il proclamera tout naturellement : « Eh bien! Il restera béni! » Puisqu’il apparait maintenant qu’il est lui l’aîné.
Il ne se fâche pas un seul instant contre son fils qui vient de le tromper, parce que sa motivation n’est pas personnelle, sa seule volonté est d’accomplir celle de son Créateur. Si D… a fait en sorte que ce soit Yaakov qui prenne les bérakhot, Yits’hak n’a rien à redire, rien à rajouter. Il s’annule immédiatement devant la volonté de l’Eternel.
C’est aussi la raison pour laquelle, il a réagi autrement que son père, lorsque les bergers de Guérrar lui volèrent le puits, que ses serviteurs avaient creusé. Abraham a reproché à Avimelekh la conduite de ses serviteurs, alors qu’Yits’hak envoie, sans commentaire, ses serviteurs creuser un autre puits.
Yits’hak, symbole de la Guévoura, ramène lui aussi, comme son père, toute la création à son Créateur, mais par le biais de la soumission. Tout ce qui nous arrive est décidé par Hachem. Aussi l’homme, en toute situation, doit-il accepter les décisions célestes, sans vouloir intervenir : l’Eternel dirige Son monde à Sa manière.