« Véhamelak hahaïtadayam, (le travail) était suffisant, pour l’exécution de tout l’ouvrage, et il en restait encore » (Chémot ;XXXVI, 7).
Le Or Ha’haïm Hakadoch fait remarquer que la fin du verset contredit son début : s’il y en avait juste à suffisance (donc pas davantage), comment pouvait-il y en avoir en plus ?
Le Ben Ich ‘Haï nous explique, en citant Rachi qui dit que « le travail » dont parle le verset désigne en faitles matériaux qu’il fallait amener, et qu’il y en avait assez pour la construction du Michkan.
Mais pourquoi appeler melakha (travail) les moyens matériels nécessaires à réaliser cette construction ? C’est que le Michkan est à l’image du monde céleste ! Selon les mékoubalim, le savoir particulier de Bétsalël était de pouvoir ordonner les lettres, avec lesquelles le monde a été créé, dans toutes leurs combinaisons ; le Michkan devant abriter la Chékhina (la Présence divine), il était nécessaire de le réaliser en harmonie, avec les « Kavanot » adéquates.
Ajoutons à cela un autre travail (une autre mélakha), celui de la générosité du cœur! Car sans cet élan du cœur avec lequel les enfants d’Israëlont apporté leurs offrandes, le Michkan n’aurait pas pu contenir une telle sainteté. Le verset a tenu à préciser : « le travail était suffisant » pour que la Chékhina puisse résider, parce que justement il y avait des matériaux en surplus, témoignant de la générosité spontanée des enfants d’Israël.
Le Ben Ich Haï rapporte sur ce sujet, le Baal Hatourim qui signale qu’à trois reprises, dans le Tanakh, nous retrouvons ce mot « Véhamélakha », et relève les points communs. 1) dans notre paracha : « Et le travail (Véhamélakha) était suffisant »
2) dans Ezra (X, 13) : « De plus le travail (Véhamélakha) n’est pas l’affaire d’un jour ou de deux… »
3) et enfin, dans Divré Hayamim (I, XXIX, 1) : « Or grand est le travail. » La Torah nous apprend ici que bien que le travail fût grand, et qu’il n’était pas l’affaire d’un ou deux jours, malgré cela il était suffisant car la bénédiction était dans leur entreprise.
L’homme a deux « mélakhot » dans ce monde, poursuit le Ben Ich ‘Haï, l’une est spirituelle (accomplir les mitsvot et étudier la Torah) et l’autre matérielle (subvenir à ses besoins de subsistance). Pour assurer son « travail » spirituel, il devra apprendre à se suffire de peu, autrement il passerait tout son temps au matériel, car celui qui a cent veut deux cents et chaque jour davantage.
Certes à Roch Hachana et à Kippour, l’homme réserve ces trois jours entièrement à la Torah, aux prières et aux mitsvot, mais la coordination de ces trois versets exige que le travail spirituel ne soit pas réduit à quelques jours dans l’année car ce « n’est pas l’affaire d’un jour ou de deux ». La Torah nous interpelle : « grand est le travail », sur le plan spirituel, il y a encore beaucoup à faire. Quant aux besoins matériels, le verset nous répond : « et le travail (véhamélakha) était suffisant. » Grandement suffisant !
Chabbat Chalom Oumévorakh