PARACHAT  VAYICHLA’H

            « Essav prit ses femmes parmi les filles de Canaan : Adah … Aholibamah …puis Basmath… » (Beréchit XXXVI, 2-3).

On remarquera que Essav a épousé trois femmes, sans aucune condition préalable, avec une grande facilité, alors que son frère Yaakov a dû travailler péniblement pendant sept ans, pour sa première femme Léa, et encore sept ans pour la deuxième Ra’hel. Des années de travail très laborieuses, exténuantes, comme Yaakov le déclarera lui-même : « J’étais le jour, en proie à la chaleur, et à la gelée la nuit ; et le sommeil fuyait de mes yeux » (Idem XXXI, 40). Et en plus des difficultés de son labeur, Yaacov devait faire face à l’hostilité croissante de son beau-père Lavan, qui ne lui voulait que du mal.

Si l’on ajoute à ces préoccupations, celles que lui causait son propre frère Essav, qui cherchait à le tuer, et la souffrance, pendant vingt deux ans, de « la perte » de son fils Yossef, qu’il croyait mort, la vie de notre père Yaacov n’aura pas été facile. Jusqu’à son arrivée en Egypte, on peut dire qu’elle aura été particulièrement tourmentée, et même triste, puisque pendant toute cette période « du deuil de Yossef », la Chékhina, la Présence divine ne s’est pas manifestée à lui. Il dira d’ailleurs au Pharaon : « Le nombre des années de mes pérégrinations, cent trente ans. Il a été court et malheureux, le temps des années de ma vie » (Id. XLVII, 9).

Pourtant Yaakov est appelé le bien aimé de D…, comme nous le déclarons dans la prière du matin : « Pour l’amour que Tu as eu envers lui et pour la joie qu’il T’a procuré, Tu l’as appelé Israël et Yéchouroun ». Avant sa descente en Egypte, D… s’adressera à lui, l’appelant : « Yaakov, Yaakov » (Id.XLVI, 2), une répétition qui selon le Midrach vaut témoignage d’amour, (Rachi, Torat Cohanim). Comment comprendre alors que « l’aimé de D… » ait eu autant de peines ? Méritait-il son éloignement de la Chékhina pendant une aussi longue période ?

Le rav Réouven Karlenchtein, zatsal, nous rappelle : « Car celui qu’Il aime, l’Eternel le châtie » (Michlé III, 12). Les épreuves dans ce monde-ci sont parfois, paradoxalement, une marque d’amour. Moché Rabbénou a cherché à comprendre, il a demandé à l’Eternel : « Pourquoi tel Tsadik est-il dans la souffrance … alors que tout va bien pour tel Rachàa ? » Mais il n’aurait pas reçu de réponse selon Rabbi Meïr (Bérakhot 7a). C’est qu’il est des secrets du Ciel dont la compréhension n’est pas à la portée de l’homme ! »

Chabbat Chalom Oumévorakh