Avant même le don de la Torah, dans notre Paracha, lorsque Moché rapporta les paroles de l’Eternel aux enfants d’Israël, il est écrit : « Le peuple entier répondit unanime : Tout ce qu’a dit l’Eternel nous le ferons ! » (Chémot XIX, 8). Et dans la paracha suivante Michpatim, ils rajoutèrent : « Nous le ferons (Naassé), et nous écouterons (Vénichma). » (Id.XXIV, 7).
C’est le fameux « Naasé Vénichma », au sujet duquel, Rabbi Simaï (Chabbat 88a) a révélé que six cent mille anges de service sont alors venus couronner chaque Ben Israël de deux couronnes, l’une pour « nous le ferons » et l’autre pour « nous écouterons ».
Rabbi Eléazar enseignait que lorsqu’Israël a fait précéder le Naassé au Vénichma, une voix céleste s’écria : « Qui donc a révélé à mes enfants ce secret, auquel n’avaient accès que les anges ? » Comme il est dit : « Bénissez l’Eternel, vous, Ses anges, héros puissants, qui exécutez Sa parole, pour écouter la voix de Sa parole. » (Téhilim CIII, 20). D’abord « qui exécutez », ensuite « pour écouter », pour entendre, c’est-à-dire comprendre.
Curieusement, la Tossefta (Baba Kama ch 7, 3) nous enseigne que lorsque les enfants d’Israël se sont tenus debout sur le mont Sinaï, et qu’ils ont dit « Naasé Vénichma » le verset dit à leur propos : « qu’ils L’amadouaient avec leur bouche, en paroles, ils Lui offraient des hommages menteurs. » (Téhilim LXXVIII, 36). Mais malgré tout « Lui plein de miséricorde, pardonne les fautes… » (Id.LXXVIII,38).
Le Hidouché Harim (Admour de Gour), zatsal, explique que les enfants d’Israël n’étaient pas, effectivement au niveau spirituel du « Naassé Vénichma »; la preuve en est qu’ils n’ont pas toujours, tout accompli, par la suite. Cette « petite » faute leur sera toutefois pardonnée.
Car les enfants d’Israël ont exprimé par le Naassé leur volonté de recevoir et d’accomplir toute la Torah sans discuter, dans une adhésion absolue. Et quand bien même si, au moment de leur déclaration, ils n’en étaient pas encore à ce niveau. A la différence des autres peuples, qui d’emblée avaient exigé d’en apprendre le contenu, et l’avaient refusée une fois informés.
Nos sages ont illustré le Vénichma par leur soif d’apprendre chaque mot de laTorah, prêts à jeûner ou à subir l’humiliation pour en comprendre la signification. Comme Rébbi qui s’était mis à danser devant Bar Kapara, pour qu’il lui dévoile la traduction de trois mots difficiles du Houmach (Nédarim 51a) ; ou Rabbi Yo’hanan qui avait promis de servir de « chamach » à celui qui lui expliquerait une contradiction dans la michna selon un seul auteur (Baba Métsia 41a) ; ou encore Rabbi Yéchaeya, qui avait jeûné quatre-vingt-cinq jeûnes pour comprendre le chant des chiens dans le Pérék Chira (Yalkout Chimoni Bo).
L’Eternel est apparu en rêve à Chlomo Hamélékh, pour lui dire : « Demande, que dois-Je te donner ? » Il répondit : « Donne donc à ton serviteur un cœur intelligent, capable de juger Ton peuple, sachant distinguer le bien du mal. » Et l’Eternel lui dit : « Parce que tu n’as pas demandé ni de longs jours, ni des richesses, ni la vie de tes ennemis (…) Je te donne un tel esprit de sagesse (…) Mais Je te donne en plus ce que tu n’as pas demandé la richesse et la gloire… » (Mélakhim I, III, 5-13).
La grandeur du roi Salomon n’était pas seulement dans ce choix, lequel d’une certaine manière était évident : peut-on comparer sagesse à richesse dans ce monde éphémère ? La grandeur du roi est que même en rêve, dans son inconscient, il révèle son aspiration profonde : disposer de la sagesse, celle de la Torah afin de conduire le peuple de D… conformément à Sa volonté ! C’est pourquoi il mérita aussi de recevoir la richesse et la gloire dans ce monde.
Chabbat Chalom Oumévorakh