Parachat Yitro

Yithro avait sept prénoms : Yithro, Yether, ’Hovav, ’Haver, Réouel, Poutiel, et Kaïni. Yéthér parce qu’il a ajouté (Yathar) un paragraphe à la Torah avec ses conseils à Moché Rabbénou, relatifs à la nomination des juges : « Et toi distingue d’entre tout le peuple des hommes éminents (…) et place-les à leur tête… » (Chémot XVIII, 21).
Le Midrach (Yalkout Chimoni 271) nous apprend que cette Paracha aurait dû être enseignée, par la suite, par Moché soi-même, mais Yithro eut le mérite qu’elle le fut par lui. Cet homme qui avait connu et servi toutes les idoles de son époque, s’était élevé à un niveau spirituel, supérieur même à celui des enfants d’Israël, et cet enseignement échappera totalement à Moché pour lui être réservé à lui, Yithro. Mais quel est le point essentiel de la grandeur de Yithro?

La réponse se trouve dans les premiers mots de notre Paracha, explique le Rav Moché Chwaub zatsal de Gateshead. « Yithro, pontife de Midyan, beau-père de Moché, entendit tout ce que Hachem avait fait à Moché et à Israël Son peuple… » Yithro entendit, comme beaucoup d’autres aussi (tous les peuples), mais lui, par contre, intégrera ce qui parvint à ses oreilles. Il a entendu, il a réfléchi, et il a saisi le sens profond des évènements. Il quittera alors tout son monde pour venir rejoindre le peuple d’Israël.

Yithro faisait partie des trois conseillers de Pharaon (Sotta 11). A la différence de Bilaam qui conseilla de tuer les enfants d’Israël (et qui sera tué par la suite), de Job qui préféra garder le silence (mais qui sera puni par des souffrances), Yithro s’opposa et pris la fuite pour échapper à la colère du Pharaon. Il sera récompensé. Ses petits-enfants seront chefs du Sanhédrin. Réfugié à Midyan où il sera le grand prêtre il va progressivement rejeter toutes les « avoda zara » (idolatries) en usage dans le monde, ce qui lui vaudra d’être excommunié par son entourage. Cependant il ne franchira le pas d’aller rejoindre les enfants d’Israël qu’après avoir « entendu » ce que D… avait fait en leur faveur.
Nous trouvons souvent dans la Torah cette « demande d’écoute », cet appel à être attentif à ce que l’on entend. « Prêtez moi l’oreille et venez à Moi, écoutez et votre âme renaîtra…» (Yéchaeya LV, 3). Et les bénéfices qui nous sont promis sont immenses : « Ecoutez la parole de D…, Maison de Yaacov, (…) Même si votre âme est affligée par toutes sortes de fautes, Ecoutez et vous vivrez » (Yirmiahou II, 4). Il faut apprendre à réfléchir et à prendre la mesure des choses. Le Talmud aussi quand il rapporte à l’envie l’expression Ta chmàa (viens écoute) nous invite à approfondir de façon pénétrante le sujet développé.
C’est que notre Avodat Hachem, notre service divin, risque d’être extérieur et superficiel s’il n’est pas pensé et vécu de façon intériorisé. Si la prière pendant la Amida est silencieuse, il faut toutefois articuler nos paroles de façon à les entendre de l’intérieur parce que la Tefila n’est pas juste pour que D… nous écoute mais pour que l’homme s’entende et comprenne combien toute sa vie et sa personne ne dépendent que de D…
A l’enfant qui commence à parler, une des deux premières choses que nous lui apprenons, et qu’il sera amené à répéter, matin et soir, tous les jours de sa vie, condense tout l’essentiel de la foi juive : « Ecoute Israël l’Eternel notre D… l’Eternel est Un » (Dévarim VI,4)

SHABBAT SHALOM OUMEVORAKH