Souccot

Une goutte de Torah – Année 11 – n° 573 – Souccot

15 Tichri 5784 – 30 septembre 2023

Le paradoxe de la Soucca

La Torah demande d’être joyeux pendant Souccot à trois reprises : (Vayikra 23:40 et Devarim 16:14-15), davantage que pour les autres fêtes.

Pourtant, nous devons habiter pendant sept jours une petite cabane fragile dont le toit de feuillage doit laisser passer la pluie. Pour ressentir la joie de la fête, ne serait-on pas mieux à la maison,  bien au chaud et abrités du vent, de la pluie et du froid?

La vulnérabilité de la Soucca rappelle celle de nos vies : quel que soit notre niveau de réussite ou de fortune, nous ne serons jamais à l’abri d’un accident de parcours. Dans notre vulnérable Soucca, nous réalisons que nous sommes entre les mains de D.ieu, qui ne nous veut que du bien. Ce sentiment de sécurité est source d’une joie intense, la joie de Souccot.

Le symbolisme de la Soucca va plus loin. Nous devons décorer cette petite cabane avec des tapis, de beaux rideaux et des objets luxueux, et y manger des mets délicieux dans notre vaisselle la plus fine. Le symbole est très fort : l’extérieur de la Soucca représente la fragilité de la condition humaine, mais son intérieur représente la manière dont nous devons mener nos vies.

C’est cet optimisme qui a permis la survie du peuple juif le long des siècles : vivant souvent dans des conditions difficiles, nous n’avons jamais cessé de célébrer la vie !

Une histoire vraie

“ Reb Motteleh ”, Rabbi Mordechai Twersky possédait une Soucca extraordinaire en bois sculpté, héritée de ses ancêtres.

En 1906, lorsqu’il quitta l’Ukraine pour la terre d’Israël, malgré les difficultés du voyage, il insista pour embarquer avec lui ces lourdes planches de bois. Chaque année, à Souccot, une foule nombreuse venait le visiter et admirait sa somptueuse Soucca. Un jour, elle disparut inexplicablement et, à sa place, Reb Motteleh installa de fins panneaux de bois. Personne n’osa lui en demander la raison.

A son enterrement en 1920, un homme prit la parole : quelques années plus tôt, son fils souffrait de terribles douleurs que seuls pourraient soulager des bains brûlants. A cette époque la première guerre mondiale faisait rage et les Ottomans – qui dominaient la terre d’Israël –  avaient confisqué tout le bois disponible pour contribuer à l’effort de guerre ; il était impossible de préparer des bains chauds !

Lorsque cet homme alla s’épancher chez Reb Motteleh, ce dernier ordonna immédiatement qu’on débite sa précieuse Soucca en bûches afin de chauffer l’eau pour l’enfant malade, ce qui sauva sa vie. Selon ses disciples, ce n’est pas la chaleur de l’eau qui sauva l’enfant, mais celle du cœur de Rab Motteleh !

‘Hag Samea’h & Chabbat Chalom

Jean Guetta

Relu et mis en page par Tania Guetta