Il est écrit dans le Lévitique, (Vayikra 23,40), à propos de la fête de Souccot : « Vous prendrez, le premier jour, du fruit de l’arbre Hadar (l’Etrog), des branches de palmier (le Loulav), des rameaux de l’arbre Avoth (Hadass), et des saules de rivière (Arava), et vous vous réjouirez devant l’Eternel votre Dieu, pendant sept jours ». Nous avons là deux injonctions, celle du Loulav qui consiste à réunir ces 4 espèces de végétaux et celle de la Simha, de se réjouir avec, pendant les sept jours de la fête.
On peut s’interroger sur la nature du lien, qui serait tissé entre ces deux injonctions : la Mitsva des quatre espèces et la Joie qui est au centre de la fête de Soukot, le temps de notre joie ( זמן שמחתינו).Comment le fait de réunir ces éléments du Loulav nous amène-t-il à nous réjouir de la fête ?
L’Admour de Slonim zatsal (auteur du Netivot Chalom) explique que la Joie ne peut se trouver que chez celui qui est complètement détaché du matériel. Comme le montre cette parabole rapportée par nos maitres: « à un roi malade, les médecins avaient prescrit de porter la chemise d’un homme joyeux, sans souci. Ses sujets eurent beaucoup de mal à trouver un tel homme, et lorsqu’enfin ils le trouvèrent, celui-ci ne possédait pas de chemise. Car, disait-il, s’il en avait eu une, il aurait eu à se soucier d’elle et n’aurait pas été l’homme joyeux qu’il était. Autrement dit, on ne peut pas être vraiment heureux tant qu’on reste attaché aux biens de ce monde.
C’est pourquoi Souccot est (זמן שמחתינו) « le temps de notre Joie » puisqu’alors l’homme sort de sa maison et se détache des plaisirs de ce monde ci, de son confort et de ses habitudes familiales, dans une relation priviliegée avec Hakadosh Baroukh Hou. C’est seulement après Rosh Hachana et Yom Kippour que l’homme, qui s’est secoué, devient apte à abandonner ses préoccupations matérielles pour se retrouver seul avec son Créateur dans la Souccah.
Aussi, les quatre espèces font allusion aux éléments qui sous- tendent les facultés de chaque homme, l’Etrog se rapporte au cœur, siège des désirs, le Hadass rappelle les yeux, organes de la vue, le Loulav évoque la colonne vertébrale qui relie le cerveau, lieu de la pensée, au reste du corps, enfin les branches du Saule dont les feuilles qui ressemblent aux lèvres, signalent la bouche et son appétit de nourriture , car « toute la peine que se donne l’homme est pour sa bouche ». Chacun s’empare de ces quatre éléments, et se dégage des contingences matérielles pour s’élancer avec joie à la rencontre du Maitre du monde.
C’est aussi la même démarche pour la Simhat Beth Hachoéva qui était un supplément de réjouissances à l’époque du Temple, Souccot étant la seule période où se faisaient des libations d’eau. L’eau épouse toutes les formes, yéssod hamaïm, qui est la source de toutes les pulsions et de toutes les volontés ; les libations nous invitent à diriger toutes nos aspirations au service de D…et de cette manière nous pourrons atteindre la véritable Joie.
On peut mieux comprendre maintenant, comment la Souccah, le Loulav, et les libations d’eau, à partir de leur symbolique, nous mènent à la Joie, dans un même élan vers Hakadosh Baroukh Hou.