Vaet’hanan

Une goutte de Torah – Année 10 – n° 514 – Vaet’hanan

16 Av 5782 – 13 août 2022

L’obligation d’enseigner

(6:7) : « Tu les enseigneras (les paroles de Torah) à tes enfants, tu en parleras quand tu seras assis dans ta maison, quand tu seras en chemin, en te couchant et en te levant. »

Ce verset (du premier paragraphe du Chéma) semble être dans le désordre : le texte nous enjoint d’enseigner la Torah avant de l’étudier (« en parler ».)

Selon le Ktav Sofer, il définit l’ordre des priorités : le but ultime de l’étude est l’enseignement. D’une part c’est la condition de la transmission aux futures générations ; d’autre part, le meilleur moyen de maîtriser un sujet est de l’enseigner, comme l’exprime le Talmud (Taanit 7a) : « J’ai beaucoup appris de mes maîtres, et plus encore de mes collègues, mais c’est de mes élèves que j’ai le plus appris. »

Enfin, enseigner la Torah à son prochain c’est lui donner accès au monde futur. Selon Rachi, dans notre verset, les enfants désignent les disciples : comme les parents donnent la vie physique à leurs enfants, les enseignants font accéder leurs disciples à la vie éternelle.

Nos sages critiquent sévèrement celui qui étudie sans enseigner. Le Talmud (Roch Hachana 23a) le compare à du myrte dans le désert : le « parfum » qu’il dégage (i.e. le plaisir de son étude) ne profite à personne.

Chacun, à son niveau, peut le faire ; les occasions ne manquent pas, il suffit de commencer !

Une histoire

Une synagogue cherche son nouveau rabbin. Après une première sélection, David et Jonathan sont retenus. Pour les départager, ils feront chacun un Dvar Torah.

On les installe dans deux pièces contiguës. Jonathan a travaillé dur et se prépare en répétant sans cesse son Dvar Torah à haute voix.

David se relaxe dans un canapé ; comme la cloison est mince, il entend son concurrent répéter, répéter et encore répéter son texte, qu’il finit par mémoriser.

Le moment venu, David explique à Jonathan qu’il a le trac et qu’il souhaiterait parler en premier, ce que Jonathan accepte de bonne grâce. Il monte sur l’estrade et débite, mot pour mot …le texte de Jonathan. Il est chaudement complimenté et laisse sa place à Jonathan, évitant son regard.

Celui-ci commence : « Le Dvar Torah de mon estimé collègue est excellent, et il serait difficile de faire mieux. Par contre, une des qualités essentielles d’un enseignant est de savoir écouter afin de susciter des questions et de comprendre sa communauté ; sur ce point, je suis imbattable, comme je vais vous le prouver ». Et il enchaîne immédiatement sur le Dvar Torah qu’il n’a évidemment aucun mal à répéter mot pour mot !

(Merci à Daniel Pessar pour cette histoire)

Chabbat Chalom

Jean Guetta

Relu et mis en page par Tania Guetta