Une goutte de Torah – Année 11 – n° 534 – Vayigach
7 Tevet 5783 – 31 décembre 2022
L’amour filial
Juda plaide la cause de son petit frère Benjamin que Joseph veut réduire en esclavage.
Un des arguments qu’il avance pour obtenir la clémence de Joseph est la douleur que ressentira son père Jacob : (44:31) : « …et lorsqu’il verra que le garçon n’est pas là, il mourra… »
Nous savons que Benjamin avait dix enfants (Rachi sur 43:30). Pourquoi Juda n’a-t-il pas avancé le chagrin que ressentiront ces enfants qui ne verront pas revenir leur père ?
On raconte qu’un vieil homme vint voir le Rabbi de Kotzk en se plaignant que ses enfants, maintenant adultes, le délaissaient et ne montraient aucune gratitude pour les soins et l’éducation qu’il leur avait prodigué. Le Rabbi lui dit que les parents ressentent la douleur de leurs enfants plus profondément que les enfants ressentent celle de leurs parents, et il lui donna l’argument de Juda en exemple.
En voici une explication rationnelle : on sait que les schémas émotionnels passent de génération en génération. Ainsi, le premier homme, Adam, se souciait de ses enfants, mais n’avait pas à se soucier de ses parents car il n’en avait pas ! Il en fut de même pour la génération suivante, et ainsi de suite : le souci des parents pour leurs enfants resta supérieur à celui des enfants pour leurs parents.
On trouve une application caricaturale de ce principe dans le Talmud (Sanhedrin 72a) : si un père cambriole son fils, ce dernier n’est pas autorisé à le tuer car, comme un père ne peut pas avoir l’intention de tuer son fils, ce dernier ne serait pas en état de légitime défense. Par contre, si un fils cambriole son père, ce dernier est autorisé à tuer son fils car, comme un fils peut avoir l’intention de tuer son père dans de telles circonstances, il serait en état de légitime défense !
Ainsi, dans le cinquième commandement Dieu nous ordonne de respecter nos parents car il connaît la nature profonde de l’être humain.
Une histoire
Il est de tradition, lorsqu’on souhaite son anniversaire à quelqu’un de rajouter « jusqu’à 120 ans », faisant ainsi le vœu qu’il vive jusqu’à cet âge canonique (une des sources de cette tradition est le verset Genèse 6:3).
Chaque année, un petit-fils souhaitait son anniversaire à son grand-père, un homme solide à la santé de fer, et lui rajoutait un sincère : « jusqu’à 120 ans Papi. »
Le jour de ses 120 ans, le petit-fils, comme chaque année, lui souhaite un bon anniversaire et rajoute : « Bonne journée Papi ! »
Chabbat Chalom
Jean Guetta
Relu et mis en page par Tania Guetta