« Parle à Aharon, et dis lui : Quand tu feras monter les lumières, c’est vis-à-vis de la face du candélabre (la ménorah) que les sept lampes doivent projeter la lumière » (Bamidbar VIII, 2).
Le Midrach Tan’houma s’interroge : « Pourquoi ce chapitre relatif à la ménorah fait-il immédiatement suite à celui des princes et des sacrifices qu’ils apportèrent pour l’inauguration du Michkan ? » et répond : « C’est parce que Aharon s’est affligé de ne pas avoir participé avec les princes à cette inauguration. L’Eternel lui a alors déclaré : Par ta vie ! Ta part sera plus grande que la leur ! Car c’est toi qui allumeras et entretiendras les lumières. »
Le Ramban se demande pourquoi D… n’a-t-il pas consolé Aharon par la Kétorét (les encens), ou encore par le fait que le service du jour de Kippour incombait au Cohen Gadol et donc à Aharon ? De plus quel rapport y aurait-il entre l’inauguration et l’allumage des lumières ? C’est pourquoi le Ramban explique qu’en fait cet allumage fait allusion à ‘Hanouka, au jour où on inaugurera le Temple, après que les grecs l’aient souillé, et grâce à la petite fiole d’huile pure trouvée, on reprendra l’allumage des lampes de la ménorah.
Le Ohel Moché propose une réponse à la question du Ramban. Aharon ne regrettait pas simplement de ne pas avoir participé à un service particulier du Michkan, autrement il aurait pu effectivement se consoler avec le service de Kippour ou celui de la Kétorét. Mais Aharon était peiné de ne pas avoir contribué à cette inauguration qui fait résider la Chékhina sur les Bné Israël. C’eût été pour Aharon comme une réparation d’avoir participé à la fabrication du veau d’or, laquelle éloigna la Présence divine du peuple.
Le Nétsiv (Chémot XXVII, 20) écrit que le but du Michkan et de la Présence divine sur Israël est d’amener la lumière de la Torah, laquelle arrive par deux ustensiles, l’arche sainte et le candélabre. L’arche sainte (le Aron) dans lequel se trouvaient les tables de la Loi apporte la Connaissance de la Torah écrite et son explication par la Torah orale. Quant à la force du « Pilpoul » et du « Hidouch », ces possibilités d’expliquer la Torah par différents raisonnements, elles, sont liées à la ménorah.
Les sept branches du candélabre font allusion aux sept sciences que l’on retrouve dans les différents sujets tels kilaïm, Irouvin ou encore le calcul du cycle lunaire, pour la sanctification du mois, le roch hodech. C’est pour cela poursuit le Nétsiv que l’on trouve dans le midrach (rabba Miketz) rabbi Tarfon déclarer, à propos de tel enseignement, qu’il était « Kaftor Vaférakh » faisant allusion aux boutons et aux fleurs des branches de la ménorah.
Voilà pourquoi d’avoir le privilège du service de l’allumage des lumières de la Ménorah fut pour Aharon une grande consolation.
On retrouve aussi ce lien entre l’étude et la ménorah au moment de sa fabrication. La ménorah fut terminée par l’Eternel car Moché avait du mal à la réaliser d’un seul bloc (Cf. Rachi au verset 4), « et ainsi fut faite la ménorah ». Pour l’Etude aussi (Méguila 6b) nos sages enseignent : « Si on te dit : J’ai peiné et j’ai trouvé – crois le ! » Pourtant après s’être investi et peiné pour comprendre la Torah, le terme « trouvé » n’est pas celui qui convient, une trouvaille ne suppose pas un effort particulier. C’est que comme pour la ménorah, l’aide du Ciel est obligatoire, pour une vraie compréhension de la Torah.
Chabbat Chalom Oumévorakh