« Pour la dîme quelle qu’elle soit, du gros et du menu bétail de tous les animaux qui passeront sous la verge, le dixième sera consacré à l’Eternel » (Vayikra 27,32).
Par ce verset la Torah nous demande de prélever, une fois par an, la dîme, sur les bêtes nées dans l’année. Pour ce faire, on faisait sortir de l’enclos les petits nouveaux par une porte étroite, ne laissant passer qu’un seul animal à la fois. Il fallait alors compter les bêtes sortantes, l’une après l’autre, jusqu’à la dixième qui était marquée de peinture rouge et mise de côté.
On peut s’étonner de l’importance que donne la Torah à ce passage sous la verge, et du temps qu’elle nous demande de consacrer pour cette seule activité. La dîme des bêtes de Rabbi Eléazar ben Azaria, était de douze mille têtes (Guémara Chabbat 56). Ne pouvait- il pas saisir une partie de son troupeau, de manière approximative, plutôt que de passer une à une les cent vingt mille nouvelles bêtes de son cheptel ? Ou encore comptabiliser l’ensemble et donner le dixième en une seule fois ?
On pourrait poser la même question sur les différentes ponctions effectuées sur les récoltes chaque année : un dixième pour les lévites et un autre pour les pauvres. Et là aussi nos maitres nous enseignent l’interdiction de prélever de manière approximative.
Le Talmud (Taanit 9a) nous précise l’importance de ces prélèvements et leur récompense pour l’homme dans ce monde. « Asser Téasser, tu prélèveras la dîme de toute la récolte de ta semence » (Dévarim 14,22). Ce terme, redoublé, utilisé par la Torah, vient nous apprendre (Asser =) prélève afin de (Titacher =) t’enrichir. Les Tossafot rapportent sur place une histoire (du Midrach Tanhouma) : un homme qui avait un champ produisant mille kours (mesure importante), donnait chaque année cent kours aux pauvres. Avant de mourir il recommande à son fils de veiller à prélever la dîme du champ, comme il le faisait, lui-même, de son vivant. Le fils sème, récolte, et donne les cent kours aux pauvres. Mais la deuxième année, il a du mal à se défaire d’une quantité à prélever encore plus abondante et garde la dîme par devers lui. L’année suivante le champ n’a produit que cent kours. Comme il en était très attristé ses proches lui dirent alors : « tu es toi-même responsable de ce qui t’arrive ; jusqu’à ce jour tu étais maitre de ton champ et D… était comme le Cohen pour qui tu prélevais un dixième donné aux pauvres. Puisque tu ne l’as pas fait, D… a repris son terrain car c’est lui le véritable propriétaire. Dorénavant, le cohen c’est toi et tu ne reçois qu’un dixième de la récolte ».
On peut très bien comprendre la difficulté que l’homme éprouve quand il lui faut donner de grosses quantités. Ce que la Torah vient ici nous enseigner, c’est qu’en faisant passer une à une les bêtes de son troupeau, la Torah dit à l’homme : « la première est pour toi, la seconde aussi, la troisième, la quatrième…vient la dixième tu peux tout de même la donner à D… qui t’a offert tout cela ». Et ainsi de suite pour la totalité du troupeau. L’homme découvre alors, s’il en était besoin, les bienfaits de l’Eternel à son égard et le peu qui lui est réclamé. Reconnaissant, il apportera sa contribution avec empressement et avec joie.
Chabbat Chalom Oumévorakh