Parachat CHEMOT
Pharaon, le roi d’Egypte demanda aux deux sages-femmes juives, Chifra et Pouà (Yokhéved et Miryam), de tuer tous les nouveau-nés juifs de sexe masculin. « Mais les sages-femmes craignaient D…, elles ne firent point ce que leur avait dit le roi d’Egypte, elles conservèrent les enfants en vie. (…) Or comme les sages-femmes avaient craint l’Eternel, Il leur fit des maisons » (Chémot I, 17 et 21) Nos Sages expliquent que ces maisons sont les dynasties, qui seront issues d’elles, celle des Cohanim et des Léviyim et celle des Rois, qu’elles reçurent en récompense.
On remarquera que la Torah précise qu’elles reçurent cette récompense parce qu’elles craignaient D… ! Et non parce qu’elles sauvèrent les enfants de la mort. Le Rav Leib Hasman zatsal nous dit que pour une même mitsva, une même action, réalisée par deux personnes différentes, la rétribution ne serait pas nécessairement la même. L’une pourrait en être récompensée en sa propre personne, alors que l’autre se trouverait gratifiée dans sa descendance. C’est que le tout dépend de la motivation et de l’intention qui auront accompagné la réalisation de la mitsva en question.
Le mérite de l’homme qui a donné de l’argent à un pauvre, par compassion, est limité, au temps court de sa vie, parce que son action relève d’une intention ponctuelle, et qu’elle est en direction, « restreinte », à l’homme, receveur lui-même « limité » puisque mortel. Par contre, celui qui agit pour l’Eternel, pour la gloire du Créateur, dans Sa crainte, et dans le respect de Ses ordonnances, celui-là recevra, lui, une récompense perpétuée dans les générations à venir. C’est ce que le verset de notre paracha vient nous apprendre ; les sages-femmes qui ont sauvé les nouveau-nés, parce qu’elles craignaient D…, furent donc récompensées par ces dynasties, pour toute leur postérité.
Avant sa mort, le roi David recommanda à son fils Chlomo d’user de bienveillance « à l’égard des enfants de Barzillaï, le Galaadite … et qu’ils soient admis à ta table, car ils m’ont rendu service en venant à moi, lorsque je fuyais de devant Avchalom ton frère. » (Mélakhim 1, II, 7). Barzillaï avait apporté, à David et à son armée, de la literie et des vivres, pensant qu’ils avaient souffert de la faim, de la soif et de la fatigue, par leur longue marche dans le désert (Chmouel 2, XVII, 28-29). Le ‘Hafetz ‘Haïm s’étonne : pourquoi mériterait-il un tel salaire, celui d’être, lui et sa famille, admis à la table du roi et de ce fait amené à côtoyer la famille royale, jour après jour ? Un témoignage de reconnaissance simple et ponctuel, n’aurait il pas suffi ?
C’est que Barzillaï ne s’est pas contenté de porter assistance à David et à ses hommes. Par la force des choses, David étant poursuivi, et n’ayant pas de quoi manger, se trouvait être l’obligé de Barzillaï, qui était riche et puissant et qui accomplissait là un acte de bonté, à son égard. Mais celui-ci par son accueil et sa conduite, lui fit ressentir qu’il était plutôt, lui le serviteur, redevable envers le roi David pour avoir eu le privilège et le mérite de le servir, comme il est dit dans le verset « car ils m’ont rendu service en venant à moi ». Il méritait donc une manifestation de reconnaissance beaucoup plus importante.
De même, concernant les sages-femmes, explique le Rav Chalom Chvadron zatsal, le fait d’avoir sauvé des enfants d’Israël, justifiait certes, une belle récompense, mais pour avoir agi dans la crainte de l’Eternel et en l’honneur de la Royauté divine, elles méritaient bien plus, celle de voir désignées dans leur postérité, ces prestigieuses dynasties de prêtrises et de royautés, jusqu’à la fin des temps.
Chabbat Chalom Oumévorakh