« Tu prendras des prémices de tous les fruits de la terre que tu auras récolté», de ces sept espèces qui sont la renommée de la terre d’Israël, et « à haute voix tu prendras la parole… »(Dévarim 26,2). La mitsva des bikourim (ces prémices) s’accompagnait d’une déclaration solennelle, qui témoignait que l’Eternel avait accompli sa promesse envers Abraham, Ytshak et Yaacov et qui mentionnait « qu’un Araméen voulait faire périr mon père (Yaacov) » ( D…ne l’a pas permis) et rappelait l’esclavage en Egypte et la délivrance par Hachem « d’une main forte et d’un bras étendu… »
On peut s’étonner pourquoi seules ces deux interventions divines en faveur d’Israël devaient être rappelées (et non pas le fait d’avoir été nourri et protégé quarante ans dans le désert, par exemple), s’interroger sur leur rapport à cette mitsva d’apporter au cohen le panier garni des prémices.
C’est qu’en fait, il est écrit, « un Araméen fit périr mon père ». Tellement forte était la volonté de Laban de détruire spirituellement ou physiquement Yaacov, que son intention lui est comptée comme s’il l’avait réalisée. Mais si « J’ai séjourné chez Laban » a fait savoir Yaacov je suis resté le même, en dépit de toutes les vicissitudes.
Après quoi mon père « descendit en Egypte », en partie à cause de lui. Yaacov n’a pas voulu envoyer ses fils chercher du blé du côté de chez Laban en Babylonie, en raison du risque qu’il représentait. Hélas, en Egypte non plus Israël ne connaitra pas de séjour tranquille. « Les Egyptiens nous maltraitèrent, nous firent souffrir, nous imposèrent un dur servage».
Au total, dans ces deux situations, les deux lieux de séjour ont en commun d’avoir été défavorables à Israël qui y était en situation périlleuse.
La mitsva des bikourim se situe, elle, une fois « arrivé dans le pays que le Seigneur ton D… te donne en héritage ». L’entrée des agriculteurs à Jérusalem, en procession, à la musique des flûtes et des tambourins était un grand moment de fête et l’expression de notre gratitude envers l’Eternel pour l’installation du peuple, enfin en paix, sur sa terre. Ce rituel, dans la joie, rappellera à l’homme « qu’à l’Eternel appartient la terre et ce qu’elle renferme » et que la terre n’est donnée à l’homme qu’après sanctification de Son Nom.Le Midrach Tanh’ouma rapporte que Moché Rabbénou eut la vision prophétique de la destruction du Beth Hamikdach. Sachant que les enfants d’Israêl ne pourraient plus, dès lors, apporter les prémices, il décida d’instaurer, en remplacement, les 3 prières quotidiennes. Et c’est tout le but de la prière : reconnaitre que tout nous vient d’Hachem, car L’Eternel souhaite l’expression de notre reconnaissance. Ne pas penser « c’est ma force et la puissance de ma main qui m’ont fait acquérir ces richesses »(Dévarim 8,17). Sachant que tout vient de Lui, nous faisons appel à Lui, dans la prière, car seul Lui veille à tous nos besoins.
Chabbat Chalom Oumévorakh