Dans notre paracha la Torah s’étend longuement sur la mitsva de Tsédaka, celle d’aider son frère s’il était dans le besoin. « S’il y a chez toi un pauvre, l’un d’entre tes frères (…) tu n’endurciras pas ton cœur, et ne fermeras pas la main à ton frère nécessiteux, mais tu lui ouvriras largement la main, et tu lui prêteras selon ses besoins, selon ce qui lui manque ! (…) Tu lui donneras, donneras encore (…) Je te fais cette recommandation : tu ouvriras largement ta main à ton frère, à ton pauvre … » (Dévarim XV, 7-11).
La traduction littérale de cette recommandation serait : « Ouvre tu ouvriras … prête tu lui prêteras … donne tu donneras … » Cette formulation répétitive, rapprochée en ces quelques versets d’un même sujet, est tout à fait inhabituelle et marque une insistance particulière. Elle a aussi sa signification propre.
Le Kli Yakar explique que la Torah nous ayant ordonné au préalable « tu n’endurciras point ton cœur, ni ne fermeras ta main », c’est au cœur et à la main que la Torah s’adresse. Et donc la répétition est un appel, d’abord au cœur puis à la main. Avec en retour, pour récompense, une bénédiction elle aussi itérative : « car bénir, l’Eternel te bénira !»
Le Ktav Sofer rapporte la Guémara (Péssahim 8a) qui déclare que l’homme qui donne de la Tsédaka pour obtenir la guérison de son fils, ou pour tout autre cause d’intérêt personnel, est cependant appelé « Tsadik (Juste) parfait » parce que cette intention, intéressée, n’enlève pas l’importance de son acte. Davantage encore, il est permis à l’homme de mettre D… « à l’épreuve » et de donner de la Tsédaka dans le but de s’enrichir comme dit le verset « asser téasser » : prélever, tu prélèveras (la dîme). Nos Sages interprètent la répétition comme pour dire « asser bichvil chétitacher », c’est-à-dire : « donne la dîme afin que tu t’enrichisses ! ».
Toutefois la Torah nous conseille de donner au pauvre « à raison de ses besoins, de ce qui peut lui manquer », car la tsédaka est encore plus forte lorsqu’elle est désintéressée et vient répondre à l’appel de l’indigent. Il importe de ne pas lui refuser son secours, car alors « il se plaindrait de toi à l’Eternel » qui acceptera sa plainte car « L’Eternel est proche des cœurs brisés, il prête secours à ceux qui ont l’esprit contrit » (Téhilim 34,19).
Dans la prière de Nichmat kol ‘haï on évoque : « chavat aniyim » et « tsaakat hadal ». Le ‘Hida explique que la chavaat aniyim, « la plainte des pauvres, que D… entend » c’est lorsqu’ils réclament ce dont ils ont besoin, et la tséaka hadal « le cri du faible auquel l’Eternel est attentif et qu’Il sauve » c’est lorsqu’il se plaint de celui qui lui a refusé et qui l’a offensé.
Le Zohar (Balak page 195) fait remarquer que dans le Livre des Téhilim nous avons trois psaumes qui commencent par « prière » : « prière de David » (psaume 86), « prière de Moché » (psaume 90), et « prière du pauvre … qui répand sa plainte » (psaume 102). Et c’est seulement à propos de ce dernier qu’il est dit « devant l’Eternel » parce que des trois, c’est lui qui est le plus proche de l’Eternel !
Rappelons la Guemara (Baba-Batra 9b) Rabbi Eleazar a dit : « celui qui donne la tsédaka en secret est plus grand que Moché Rabbénou ». Rabbi Yts’hak enseigne « Quiconque donne une pièce à un pauvre est béni de six bénédictions et s’il le réconforte avec de bonnes paroles de onze bénédictions ».
Chabbat Chalom Oumévorakh
arachat Ekev