« Et ils Me feront un sanctuaire, et Je résiderai au milieu d’eux » (Chémot XXV, 8).
La Guémara (Bérakhot 8a) rapporte que depuis la destruction du Temple (le sanctuaire), l’Eternel n’a plus « rien » dans Son monde, sinon les quatre coudées de la Halakha. On pourrait en déduire que le niveau de spiritualité, voire de sainteté, du Temple est nettement plus élevé que celui de l’Etude de la Torah, présentée comme Son espace résiduel, voire restreint après la destruction du Temple.
Pourtant, nombreux sont les enseignements qui affirment le contraire. Par exemple, la michna dans Péa (ch 1, 1), qui certifie que l’Etude de la Torah équivaut à tout, et donc a priori même au service du Beth Hamikdach ; ou bien, à David Hamélékh (Chabbat 30a) : « Un jour dans tes parvis vaut mieux que mille » (Téhilim LXXXIV, 11), l’Eternel a dit clairement Je préfère un jour de ton étude de la Torah aux mille sacrifices que fera Chlomo ton fils ; ou encore à propos du verset (Michlé III, 15) « Elle est plus précieuse que les perles, tes plus chers trésors ne la valent point », nos Sages (Horayot 13) expliquent qu’il s’agit de l’étude de « la Torah qui est plus précieuse que les perles « Pninim », que le service du Cohen gadol lorsqu’il pénètre dans le Saint des saints (Pninim) »…
Le Machguia’h de la Yéchiva de Slabotka, zatsal, confirme, qu’effectivement, rien n’est plus grand que l’Etude de la Torah, mais à l’époque du Beth Hamikdach, la Torah était d’un autre niveau, bien plus élevé. La Halakha (Rambam Sanhedrin 14,11) stipule que le grand tribunal, le Sanhédrin, ne pouvait condamner à mort s’il ne siégeait dans la lichkat hagazit, une salle du Temple attenante. Seule sa proximité au Temple permettait à ce tribunal de juger et de condamner sans erreur. Aussi, afin d’éviter à avoir à juger des assassins, en nombre croissant, le Sanhédrin déménagea pour s’installer à distance.
Rachi souligne, qu’après les lois du mizbéa’h (de l’Autel) de la parachat Yithro, suivent immédiatement les ordonnances de la parachat Michpatim, parce que l’influence de l’Autel était irremplaçable, et donnait une autre dimension aux lois de Michpatim.
Aujourd’hui, le Temple étant détruit, nous ne connaissons plus de degrés aussi élevés dans l’Etude et la connaissance de la Torah, sinon dans « les quatre coudées de la Halakha », pour laquelle de façon désintéressée, l’homme investit toute son énergie. L’étude de la Halakha se veut approfondie, rigoureuse, préoccupée de définir comment accomplir le plus fidèlement la volonté du Créateur à chaque moment de la vie.
C’est le sens de la prière que nous rajoutons après la Amida, pour demander que le Temple soit reconstruit et que D… nous concède une part dans Sa Torah, parce qu’une fois le Beth Hamikdach reconstruit, nous retrouverons un niveau encore plus élevé de Torah. Et c’est cette part que nous espérons recevoir.
Chabbat Chalom Oumévorakh