« Ecoute (Chéma) Israël, L’Eternel notre D…, l’Eternel est Un ! » (Dévarim VI, 4).
Ce verset comporte six mots comme les six noms gravés sur chaque pierre de l’Ephod. L’Ephod était un des habits du Cohen Gadol, composé de deux épaulières d’attache sur lesquelles étaient posées deux pierres de Choam. Sur ces pierres étaient gravés les noms des douze tribus. « Six de leurs noms sur une pierre, et les noms des six autres sur la seconde pierre » (Chémot XXVIII, 10).
Le Rokéa’h souligne que l’acronyme (les raché tévot) des mots « six de leurs noms sur » (Chicha Michémotam Al) forment le mot CHé-M–A, en allusion au verset du Chéma, et aussi à la louange : « Béni soit à jamais le Nom de Son règne glorieux », ( Baroukh Chém Kévod Malkhouto Léolam Vaëd ), que nous faisons toujours suivre, et qui est également composée de six mots, en correspondance avec les six noms gravés sur chacune des pierres du Ephod.
La Guémara (Sotta 36a) ajoute que les six noms de chacune des pierres comptaient vingt cinq lettres. Et comme le fait remarquer le Alchikh, un nombre en relation avec le verset du Chéma qui compte vingt cinq lettres, et encore avec le Baroukh chém kévod qui comporte aussi vingt cinq lettres.
Pourquoi ce lien particulier entre le Chéma et les pierres du Ephod ? La Guemara (Zévahim 88b), nous révèle que les différents habits du Cohen Gadol venaient réparer certaines fautes des enfants d’Israël. Pour le Ephod, c’est la faute de l’idolâtrie qu’il venait faire pardonner. Et donc le Ephod se trouve en relation directe avec le Chéma, qui proclame notre foi, en notre D… qui est Unique, et dont l’Unicité n’a pas de semblable, Lui seul est l’Eternel, le Maitre de l’univers qu’Il a créé, et qu’Il dirige selon Sa volonté.
Il est écrit aussi que les pierres de l’Ephod seront « des pierres commémoratives pour les enfants d’Israël » (id. 12), et Rachi d’expliquer que lorsque l’Eternel regardera les noms des tribus inscrits sur les pierres, Il se rappellera de leur piété. La piété des enfants d’Israël, celle qui fait toute leur grandeur est dans leur foi (leur Emouna) qui s’exprime dans le Chéma, et qui témoigne de leur soumission au joug de la Royauté Céleste.
La guémara (Péssahim 56a) nous raconte que Yaakov Avinou, sur son lit de mort, voulait dévoiler, à ses fils, la fin des temps. Subitement, elle lui fut cachée. Il se demanda alors s’il n’y avait pas (Hass véchalom), une quelconque faille dans sa descendance, comme pour Abraham qui avait eu Yichmaël, et pour Yits’hak, Essav. Ses douze fils lui répondirent en choeur : « Ecoute (Yaakov, appelé aussi) Israël, l’Eternel notre D… l’Eternel est Un ! » De même que dans ton cœur D… est Un, de même, est-Il dans notre cœur, Un, sans partage. Rassuré Yaakov prononça alors cette louange : Baroukh Chém Kévod malkhouto léolam vaëd !
La Emouna de Yaakov, « Bé’hir Haavot », (le plus grand des trois patriarches), était parfaite. Ses enfants, aussi, avaient atteint ce niveau élevé de ferveur, qu’était celui de leur père. La Emouna est la plus grande des piétés. Le prophète Habakouk dit qu’elle concentre toute la Torah dans cette assertion : « Le juste vivra par sa foi » (Habakouk II, 4).
Mais l’Eternel aurait-il besoin qu’on lui rappelle la grandeur des enfants d’Israël ? « Il n’y a pas d’oubli devant Son trône céleste ! » Et pourtant, à propos du pectoral, il est écrit : « Et Aaron portera sur son cœur … les noms des enfants d’Israël, inscrits sur le pectoral du jugement, commémoration perpétuelle devant l’Eternel » (Chémot XXVIII, 29). Le rav Yé’hezkel Levinchtein, zatsal, répond que la Torah veut nous apprendre qu’il nous incombe certaines actions commémoratives, afin de nous rappeler nos devoirs et notre foi, à l’instar de D…, qui a demandé ces rappels, bien qu’il n’y ait pas d’oubli devant Lui.
Chabbat Chalom Oumévorakh